feat. Priya O'Mahra & Feht'ris'sharo ▵ ©endlesslove.

◊ heart of ice ◊

6 BY. Courant du 8ème mois. Belsavis. Bordure extérieure.

Priya n’aurait su dire ce qui était le plus contraignant : le froid ou le vent qui soufflait par brusques rafales menaçant à chaque soulèvement de les projeter au bas de la falaise que sa partenaire et elle longeaient. L’espionne avait toutes les peines du monde à trancher et à se faire une opinion. Le vent était certes la menace la plus pressante. Mais le froid était particulièrement insidieux et traître. Il parvenait à s’infiltrer sous sa double épaisseur de vêtements thermo-isolants dont elle s’était parée en vue de cette mission. La pauvre espionne tremblait et claquait des dents sous son masque intégral la protégeant des violentes rafales que Triss et elle se prenaient en pleine face. Mais elle ne pipa pas mots. Elle garda ses remarques acerbes pour elle et préféra se concentrer sur l’étroite corniche la séparant du vide abyssal en contrebas. Pourquoi avait-elle accepté cette mission ? Quelle mouche avait bien pu la piquer ?


Quelques jours plus tôt…

Priya sortait de la douche lorsqu’elle se rendit compte qu’elle avait reçu un holomessage. Encore enroulée dans sa serviette humide, elle déverrouilla son terminal et activa la lecture de l’enregistrement. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir l’hologramme d’un visage familier : celui de son amie. Feht’ris’sharo. Ou plus communément Triss. Son nom complet la faisait grincer des dents et semblait faire remonter à la surface de vieux souvenirs qu’elle préférait garder enfouis au plus profond de sa mémoire. Priya ne pouvait pas l’en blâmer et elle comprenait. Elle avait elle aussi ses vieux démons qu’elle aurait aimé pouvoir enfermer au loin. On en avait tous.

Cette surprise fut particulièrement bien accueillie pour la simple et bonne raison que les deux amies ne s’étaient pas revues depuis plusieurs mois déjà. Priya avait été affectée à plusieurs missions d’infiltration et de récupération un peu partout aux quatre coins de la Bordure Extérieure. Des missions classées secret défense qui l’avaient retenue longtemps loin de Bastion. Triss pour sa part avait eu son lot d’affectations plus ou moins enviables elle aussi. En somme, elles n’avaient jamais trouvé l’occasion de faire en sorte que leur emploi du temps corresponde et leur permette de s’accorder un moment pour elles. Beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts depuis qu’elles avaient fait leurs classes aux Renseignements Impériaux. Cela remontait à six ans de cela maintenant. Elles avaient bien mûri depuis et le poids des responsabilités leur offrait moins de temps libre que par le passé. C’était tout de même dommage qu’elles n’aient pas encore eu le temps de se recroiser ne serait-ce qu’une fois au cours des derniers mois.

Cette pensée traversait justement l’esprit de Priya lorsqu’elle entendit la voix de Triss transmise par holo lui proposer une mission commune. Elle disait vouloir explorer une piste plutôt prometteuse concernant une ancienne base de l’Alliance Rebelle désaffectée. La planète : Belsavis. Priya n’en avait jamais entendu parler avant aujourd’hui. Les recherches qu’elle avait menées par la suite lui apprirent que cette planète n’avait rien de très intéressant à offrir en dehors de quelques oasis de verdure disséminées ici ou là au milieu d’une vaste étendue de neige et de glace. La planète avait joué un rôle important dans la politique galactique voilà de ça plusieurs milliers d’années. Désormais, ce n’était rien de plus qu’un monde désolé quelque peu tombé en désuétude. L’endroit idéal pour édifier une base rebelle en somme.

N’ayant pas eu l’occasion de retravailler main dans la main avec Triss depuis un moment déjà, et n’ayant de toute manière aucune autre affectation à l’heure actuelle, Priya s’était empressée de répondre à son amie en lui confirmant sa participation. Elle en profita pour lui donner rendez-vous directement sur place. Elle ignorait où se trouvait Triss et n’étant elle-même pas sur Bastion en ce moment, cette proposition lui semblait être la plus logique. Puis éteignant son terminal, elle était retournée finir ses affaires dans la salle de bain avant de préparer son sac pour cette mission que Triss avait qualifiée de « routine ».


*Une mission de routine, tu parles !* pesta Priya en son for intérieur en secouant la tête pour en chasser le tapis neigeux s’y étant accumulé pendant l’ascension.

Soulagée de ce poids qui avait mine de rien pesé sur sa tête et ses épaules, elle retira sa capuche doublée en fourrure de wampa ainsi que son masque couvert de neige lui aussi. Elle se passa ensuite une main sur le visage en balayant du regard l’antichambre dans laquelle Triss et elle venaient de pénétrer après avoir refermé une écoutille blindée derrière elle. L’endroit était désert. Silencieux comme un tombeau. Et il y régnait des températures glaciales comme jamais Priya n’en avait affrontées de sa vie.

Avec une moue sur le visage, l’espionne se tourna vers sa partenaire affublée d’une combinaison moins rembourrée que la sienne. Elle lui lança alors :

— Avoue, tu as fait appel à moi pour cette mission uniquement pour pouvoir te venger de celle s’étant déroulée sur Tatooine quand on était encore en formation. Reconnais-le, allez.

Priya décocha à Triss un sourire entendu avant de souffler sur ses mains. Ce qui se révéla complètement inutile pour la simple et bonne raison qu’elle portait encore ses gants et que même si cela n’avait pas été le cas, c’est tout juste si l’air qu’elle expirait ne gelait pas immédiatement avant d’avoir pu réchauffer quoi que ce soit. Elle était certaine à présent que Triss savourait sa petite vengeance. En tant que Chiss, elle supportait bien mieux qu’elle les températures négatives. À l’inverse toutefois, elle avait enduré la chaleur étouffante de Tatooine sans trop de peine là où Triss avait subi les fortes températures et le climat aride comme une véritable épreuve. Au moins les deux amies étaient-elles quittes désormais.

Il n’y avait rien eu à signaler aux abords directs de la base abandonnée. Le périmètre était sécurisé. C’est pourquoi les deux espionnes avaient pénétré dans les lieux par une écoutille ayant probablement servie d’issue de secours du temps où cette base était encore opérationnelle. Et au vu de l’état de cette pièce, il ne faisait aucun doute que personne n’avait remis les pieds ici depuis longtemps. Priya aimait bien les missions de routine comme celle-ci. Les missions de récupération assez calmes où il n’était pas question de vie ou de mort à tout instant. Ce serait l’occasion pour Triss et elle de rattraper un peu le temps perdu.

— Bien. Et maintenant ? demanda Priya en se frottant les mains et en attendant que Triss sorte la carte sur laquelle elle avait mis la main dans les archives impériales afin de pouvoir s’orienter dans la base.

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◊ heart of ice ◊

C’est avec un soulagement à peine dissimulé que Priya avait accueilli à bras ouverts la disparition du vent et de ses bourrasques cinglantes. Malheureusement, les températures à l’intérieur de l’installation que Triss avait tenu à explorer étaient tout bonnement polaires. Bien plus supportables qu’à l’extérieur mais à même de lui arracher encore quelques claquements de dents. Mais au vu du ton enjoué sur lequel son amie lui avait répondu lorsqu’elle l’avait accusée de savourer sa vengeance suite à leur mission commune sur Tatooine, elle se devait de prendre sur elle pour ne pas lui montrer qu’elle était en fait complètement frigorifiée. Priya avait tout de même sa fierté, ne l’oublions pas. Et c’est pourquoi elle avait recentré la discussion sur leur objectif principal. Et maintenant donc ?

La réponse de Triss ne s’était fait guère attendre bien longtemps. Juste le temps qu’elle tire de son à dos une carte des lieux et qu’elle pointe finalement une direction. Priya hocha la tête lorsque son amie lui demanda si elle était prête et toutes deux se mirent en route sans perdre une seconde de plus. Marcher ferait le plus grand bien à l’espionne qui avait la désagréable sensation que ses muscles commençaient eux aussi à se pétrifier sous l’action conjuguée du froid et… du froid. Elle n’avait que ce mot là en tête : froid. Il était parvenu autant à s’insinuer sous ses vêtements chauds que dans son crâne. Et maintenant, Priya ne rêvait que de boissons chaudes et de plages de sable fin. Peut-être Tatooine avait-elle était un enfer pour Triss, mais cela n’avait pas non plus était une réelle partie de plaisir pour Priya. Mais à choisir entre les deux, elle préférait de loin avoir trop chaud que trop froid.

C’est ce à quoi pensait la jeune femme tandis que sa partenaire de crime l’entrainait le long de corridors déserts. Priya n’avait pas prononcé un seul mot depuis qu’elles s’étaient remises en marche. Elle faisait de son mieux pour le moment pour contrôler les tremblements dans ses mains. Elle commençait à sentir ces derniers diminuer en intensité. Elle avait même l’impression de sentir de nouveau les extrémités de ses doigts au fond de ses gants. D’ici quelques minutes, elle se serait suffisamment réchauffée pour ne plus rester focalisée sur les points négatifs de cette mission. Après tout, elle était surtout ici pour passer un peu de temps avec une vieille amie qu’elle n’avait pas revue depuis des mois. Elle n’allait quand même pas laisser quelques dizaines de degrés en-dessous de zéro lui gâcher ce moment de complicité.

La voix de Triss la tira alors de ses pensées. La Chiss venait de lui demander si elle avait remarqué à quel point la voie était dégagée. L’absence de glace et de neige semblait la surprendre. Priya garda le silence en balayant de nouveau du regard les environs tandis que son amie et elle poursuivaient lentement leur progression le long du boyau désert. Triss ajouta alors que c’était là le signe prouvant qu’il y avait eu une activité ici récemment. D’où le fait qu’ils aient réussi à capter un signal. Elle était confiante dans l’idée que c’était peut-être bel et bien là une ancienne base rebelle.

— Eh bien, il n’y a qu’un moyen de le savoir avec certitude, souffla Priya en désignant la lumière au bout du tunnel. (Littéralement.)

En effet, le corridor que les deux Impériales venaient de remonter était plongé dans le noir ; tout comme l’avait été la première pièce dans laquelle elles avaient mis les pieds à leur arrivée. C’est pourquoi elles avaient sorti les lampes torches leur permettant d’éclairer la voie et de voir où elles mettaient les pieds. Or il y avait une lumière au bout du corridor. Une lumière naturelle.

Priya et Triss débouchèrent ainsi quelques secondes plus tard dans ce qui avait tout l’air d’avoir été un hall. Le détail qui ne manqua pas de retenir leur attention fut le trou béant au plafond que la glace avait fini par colmater complètement avec le temps. Une paroi bleue cristalline laissant filtrer juste assez les rayons d’un soleil timide et peu chaleureux nimbait la scène de doux reflets bleus faisant naître l’illusion que les deux femmes se trouvaient sous l’eau. Une vision presque poétique au cœur d’un véritable enfer blanc. C’était pour le moins inattendu. Mais cela avait quelque chose de paisible et relaxant.

L’espionne détacha les yeux de la voûte cristalline pour reporter son attention sur Triss lorsque celle-ci s’adressa de nouveau à elle. Elle hocha la tête en réponse à sa remarque avant de finalement baisser les yeux au sol au centre du hall avant d’ajouter :

— Routine ou pas, je vois surtout que ton intuition était la bonne. (Elle désigna l’espace dégagé se trouvant juste en-dessous du trou béant que la glace avait colmaté dans le plafond.) Aucune trace de débris ou de roches. Du moins aucun en rapport avec ce trou béant. Il y a donc bel et bien eu de l’activité ici. Mais impossible de dire à quel moment exactement. Cette installation a vraiment l’air ancienne. (Elle leva les yeux le long des murs et sonda le plafond encore intact à certains endroits.) Que cet endroit ait servi ou non de base à l’Alliance Rebelle, mon petit doigt me dit que ce n’est pas eux qui ont édifié ces structures. (Elle posa de nouveau les yeux sur le trou béant ayant retenu leur attention à leur arrivée.) Et pour que la glace ait déjà colmaté une brèche de cette taille, cet endroit devait déjà être dans cet état depuis des décennies. Ça ne nous avance pas beaucoup.

Elle fit quelques pas de plus dans le hall pour tâcher d’étudier la zone sous un autre angle. Ce hall devait certainement faire la jonction entre différentes sections de la base. Cela ne semblait pas être tant une aire de chargement qu’un simple lieu de passage. La pièce était pratiquement vide en dehors d’une ou deux caisses prises dans la glace. Priya s’en approcha et gratta la surface de la glace pour tâcher de voir si elle ne pouvait pas lire quelque chose au travers. Mais rien.

— À ton avis, elles sont ici depuis longtemps ? demanda-t-elle en désignant du menton les deux caisses. On dirait qu’elles ont l’air bien prises dans la glace, mais elles semblent avoir miraculeusement échappé à d’éventuelles chute de débris. (Elle poursuivit l’examen des lieux.) Je ne vois rien susceptible de nous en apprendre plus ici. Et toi ? Vois-tu quoi que ce soit à même de nous aider à dater quoi que ce soit ?

Écoutant la réponse de Triss d’une seule oreille, l’espionne gratta de nouveau l’épaisse couche de glace à la surface de l’une des caisses juste par acquis de conscience. Mais toujours rien. La caisse en question ne portait à première vue aucune marque particulière. Triss avait-elle plus de chances de son côté ?

— Et qu’en est-il du signal ? C’est encore loin ? demanda-t-elle en se tournant de nouveau vers Triss. On devrait en apprendre plus en parvenant à télécharger les données d’un terminal. Si tant est qu’il reste encore quoi que ce soit à télécharger. Mais sait-on jamais.

Priya attendit que Triss lui désigne le passage à emprunter pour se rapprocher du signal avant de dire :

— D’ailleurs, en parlant de routine. Comment est la tienne, ces derniers temps ? On ne s’est pas beaucoup vues dernièrement. Et on n’a pas non plus eu tellement l’occasion d’échanger des nouvelles à cause de mes récentes affectations m’ayant contrainte à couper tout contact. Qu’est-ce que tu deviens donc ?

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◊ heart of ice ◊

Le hall dans lequel Priya et Triss avaient débarqué était vraiment de toute beauté. Le genre de merveille qu’on ne s’attendait pas à trouver en terrain hostile. Mais n’était-ce pas justement ce qui rendait toutes ces merveilles plus merveilleuses encore ? Justement le fait qu’elles aient pu naitre et prospérer dans un environnement où tout portait à croire qu’elles n’auraient normalement jamais dû voir le jour. Belsavis en était justement l’exemple le plus parlant. Une planète entièrement couverte de glace et de neige où la vie avait pourtant trouvé le moyen de prospérer dans les quelques failles et vallons où le climat était bien plus supportable que partout ailleurs sur la planète. Une autre merveille en soi. Quoiqu’à bien plus grande échelle que ce modeste plafond cristallisé. Malheureusement, aussi belle et poétique que cette vision puisse être, elle n’apportait guère d’informations utiles aux deux Impériales.

En réponse au commentaire qu’avait fait Priya à propos de la vétusté apparente des lieux, Triss lui avait rétorqué qu’il était tout à fait possible que ces installations soient d’origine. Elle avait poursuivi avec une petite leçon d’histoire en expliquant à son amie que certains documents faisaient état de l’existence d’un centre pénitencier républicain remontant à l’Ancienne République. Non pas l’Ancienne République que l’Empereur Palpatine avait renversée pour donner naissance à l’Empire. Mais l’Ancienne République qui datait d’encore avant cela. Les yeux de Priya s’arrondirent en entendant les propos de la Chiss. Autrement dit, cette base pourrait avoir ni plus ni moins que quelques milliers d’années ?

Instinctivement, Priya s’était éloignée de la zone accidentée que la glace avait colmatée avec les années. On n’était jamais trop prudent, après tout. Triss avait poursuivi sa leçon d’histoire en faisant état de ce qu’elle qualifia elle-même de légendes. Les faits avaient tendance, il est vrai, à être déformés et amplifiés avec le temps. Peut-être était-ce pour cela que la Chiss préférait se contenter de conjecturer les choses plutôt que de les affirmer sans être préalablement assurée de leur véracité. Néanmoins, le commentaire sur lequel acheva Triss laissa penser qu’elle estimait une partie du moins de ces légendes comme vraies. Elle avait pris comme exemple ce dont l’Empereur Palpatine avait été capable. L’un dans l’autre, si un seul homme pouvait faire ça, alors peut-être les récits sur Belsavis étaient eux aussi empreints d’un semblant de vérité.

L’allusion au défunt empereur qui avait fait de l’Empire une puissance galactique respectée et crainte, à celui qui avait mis l’Ancienne République à genoux avant d’en usurper les rênes du pouvoir, retint de suite l’attention de Priya qui jeta un œil en direction de son amie. Elle savait à quel point son amie avait été touchée par la destruction de la tristement célèbre Étoile Noire. Non pas qu’elles aient réellement abordé le sujet l’une avec l’autre. À cette époque, elles n’étaient pas encore particulièrement proches. Mais le fait est que Priya avait toujours fait preuve d’un esprit d’observation et de perspicacité. Et quand bien même la Chiss s’était révélée une personne difficile à décrypter du fait de leur discipline ne laissant que rarement entrevoir les émotions sommeillant en eux, Priya se doutait que dans le fond, la destruction de l’Étoile Noire l’avait beaucoup secouée. Elle-même avait été révoltée par cette nouvelle. Seulement à cause du fait que cette destruction était imputée aux Rebelles. Certes, la mort de dizaines de milliers d’innocents l’avait touchée. Mais pas autant que le désir qui s’était ravivé en elle de faire payer l’Alliance Rebelle pour tout ce qu’elle lui avait arraché. Ce n’était pas du patriotisme. C’était juste personnel.

Revenant au présent, Priya s’était intéressée à quelques caisses avant de demander à Triss si selon elle, elles étaient ici depuis longtemps. La Chiss fut incapable de lui répondre. Elle n’avait pas l’équipement nécessaire pour faire une datation en bonne et due forme. L’espionne avait alors recentré la discussion sur le signal que son amie traquait à l’aide sa carte. Triss répondit qu’il n’y avait rien ici. Le signal émanait de plus loin dans la base. Elle confirma au passage les craintes de l’espionne. Si cet endroit était en effet aussi vieux qu’il en avait l’air alors de deux choses l’une : ou bien il n’y aurait aucune donnée à récupérer car les terminaux en auraient été méticuleusement dépouillés ou alors s’il restait bel et bien encore des données dans une console quelque part, celle-ci n’aurait sûrement pas supporté le froid et le passage du temps. Priya comptait sur un troisième cas de figure : des données en parfait état et accessibles depuis une console elle-même en bon état, du moins suffisamment pour permettre un transfert sécurisé. Triss espérait la même chose étant donné qu’elle émit l’hypothèse que le signal qu’elle pistait émanait peut-être d’un matériel apporté plus récemment. Espérons-le. Si elles pouvaient ne pas avoir à passer la nuit ici, ce serait une excellente chose. Plus vite Priya quitterait cet enfer gelé et mieux elle se sentirait.

Les deux compagnes s’étaient remises en route en suivant la direction indiquée par la Chiss. Priya avait alors relancé la discussion sur un thème bien plus banal que l’objectif de leur mission. Elle voulait avoir des nouvelles de son amie. Rattraper le temps perdu depuis la dernière fois qu’elles avaient eu l’occasion de se retrouver autour de l’un des derniers millésimes alderaaniens encore sur le marché. Ce à quoi la Chiss répondit qu’elle faisait surtout de la surveillance. Du travail de bureau en quelque sorte, non ? Tout ce que Priya détestait en somme. Elle, elle préférait être sur le terrain. Au cœur de l’action. Mais la vie sur un vaisseau avait mine de rien quelques attraits. Priya avait toujours aimé voler.

Priya et Triss se retrouvèrent alors face à une intersection. Sur leur gauche : une porte. Sur la droite : le corridor continuait de s’enfoncer plus profondément dans la base. Ou du moins est-ce l’impression que Priya avait. Difficile d’en être certaine étant donné que le couloir bifurquait et disparaissait de son champ de vision au bout de quelques mètres. Voyant son amie s’arrêter devant la porte, Priya l’imita en faisant quelques pas sur place pour forcer son organisme à poursuivre la production de chaleur qui faisait défaut à cet endroit. La Chiss brisa rapidement le silence après avoir accordé quelques secondes d’attention à la mystérieuse porte. Ce à quoi Priya répondit, étonnée :

— Sous tension, vraiment ? Il y a donc encore du courant dans cette base ? Même après tout ce temps ? (Elle balaya le corridor silencieux avec le faisceau de sa lampe.) Eh bien, de deux choses l’une : où ceux qui ont bâti cet endroit avaient accès à des générateurs de pointe, ou alors comme tu le pensais, quelqu’un s’est aventuré ici il n’y a pas si longtemps. Et oui, ça me semble être une piste très intéressante, admit l’espionne en hochant la tête et en braquant son faisceau sur la porte en question. (Au même moment, la Chiss lui demanda si elle pensait pouvoir désactiver la fermeture de la porte. Priya haussa les épaules après avoir pris quelques secondes pour inspecter le cadre et la console.) Je peux toujours essayer. On verra bien ce que ça donne. Peux-tu me tenir ça, s’il te plait ?

L’espionne tendit sa lampe à son amie et se pencha vers le panneau de commande contrôlant l’ouverture et la fermeture de la porte. Elle fit en sorte d’accéder à ses circuits internes et se mordit la lèvre inférieure en observant ce qu’elle avait sous les yeux. Cela ne semblait pas compliqué. La technologie ayant servi à la construction de cette base ne semblait pas tellement différente de ce dont elle était habituée.

Citation :

◊ Piratage de la porte : dé moyen. Priya porte ses gants et est encore frigorifiée. Et elle a les mains qui tremblent un peu.
Réussite : la porte s’ouvre du premier coup après plus ou moins de tentatives.
Échec : la porte demeure fermée et Priya récolte un coup de jus selon l’intensité de l’échec.

Priya lâcha un petit cri de surprise en recevant un coup de jus lorsqu’elle tenta de contourner le système. Heureusement, le plus gros du choc fut absorbé par ses gants de protection. Elle ressentit tout de même un léger picotement au bout des doigts mais rien de bien grave. Ne se laissant cependant pas abattre, elle secoua la tête et retira ses gants avant de faire craquer sa nuque, de prendre une profonde inspiration et de souffler sur ses doigts pour les réchauffer un peu.

— Round deux, souffla-t-elle entre ses dents en se remettant à trifouiller les fils.

Citation :

◊ Piratage de la porte : dé facile. Priya ne porte plus ses gants. Elle est concentrée. Ses mains ne tremblent plus.
Réussite : la porte s’ouvre enfin après plus ou moins de tentatives.
Échec : la porte demeure fermée et Priya récolte encore un coup de jus selon l’intensité de l’échec.

Priya tritura les fils et un grésillement produisit quelques étincelles. Mais le soulagement s’empara d’elle lorsque le bruit caractéristique de l’ouverture d’une porte retentit dans le silence ambiant. L’espionne se redressa et lâcha à son amie Chiss :

— Bah voilà, ce n’était pas bien compliqué. (Elle désigna la pièce nouvellement accessible.) Après vous, ma chère. (Elle laissa passer son amie devant après avoir récupéré sa lampe torche et ajouta.) Et sinon, pour répondre à ta question, en dehors des affectations classifiées, c’est plus ou moins la routine aussi. Le plus souvent il est question de récupérer des données ou du cargo auxquels ne hommes ne peuvent avoir accès. La subtilité d’une infiltration vaut parfois mieux qu’un assaut coordonné des forces d’élite. Mais en dehors de cela, je n’ai pas une seconde à moi. Et le pire dans l’histoire, c’est que je ne me sens même pas coupable. Une pause ne me ferait sûrement pas de mal. Quelques jours de vacances, sur une plage de sable fin. Pourquoi pas. Mais plus j’y réfléchis et plus je me dis que je ne ferais que perdre mon temps. D’autant plus qu’avec la Nouvelle République qui tente de raffermir sa mainmise sur la galaxie, perdre du temps est la dernière chose dont l’Empire a besoin en ce moment. Mais tout de même. Qu’en penses-tu ? Des vacances. Au soleil de préférence. Loin de cette… planète, ajouta-t-elle en faisant la moue.

Attendant une réponse de la part de son amie, Priya lui emboîta le pas et la suivit à l’intérieur de la pièce dont elle venait de libérer l’accès tout en remettant ses gants.

— Eh bien, qu’avons-nous là maintenant ? demanda-t-elle en balayant les environs du regard.

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'Dé normal' :

Seconde tentative de piratage.

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'Dé facile' :

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'Dé facile' :

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◊ heart of ice ◊

La première tentative ne fut pas la bonne. Mais avec un peu de concentration et de persévérance, Priya était finalement venue à bout du système de verrouillage de cette maudite porte. Quelle douce musique cela fut à ses oreilles d’entendre le délicat crissement du métal pris dans la glace tandis que le lourd et épais battant métallique coulissait sur le côté pour libérer la voie. Faisant signe à son amie de passer la première, Priya renfila rapidement ses gants en reprenant la conversation là où les deux femmes l’avaient laissée quelques secondes auparavant. Pourquoi pas des vacances ? Sur un monde chaud et de préférence couvert de plages de sable fin au bord de l’océan. Cela ne tenterait pas la Chiss ? Ce n’était pas une pique pour lui rappeler le bon et brûlant souvenir de Tatooine, c’était une question sincère. Étant donné qu’elle hésitait elle-même, si son amie se révélait tentée elle aussi, peut-être Priya aurait-elle plus de facilité à se laisser convaincre de s’accorder quelques jours de repos bien mérité. Autant elle n’éprouvait aucune difficulté à s’imaginer prenant un bon bain de soleil. Autant dans le fond cette vision la laissait dubitative. Dans le genre difficile, on ne faisait pas mieux. Mais Triss ne semblait pas de son avis.

Étant entrée la première dans la salle, elle avait répondu à sa partenaire de crime que la chaleur et elle ne faisaient pas vraiment bon ménage. Quitte à prendre des vacances, elle opterait plus volontiers pour un retour aux sources chez elle. Des forêts. Des cascades. Un climat tempéré. Du rêve qu’elle vendait à Priya sans s’en rendre compte. Et puis brusque retour à la réalité : elle ne s’estimait pas faite pour prendre des vacances. Elle ne supporterait pas bien longtemps l’inactivité. Un point sur lequel Priya la rejoignait finalement. Elle non plus ne supportait pas tellement l’inactivité. Elle était une femme d’action. Elle ne se voyait pas perdre ses journées à prendre le soleil sur une plage de sable fin. Mais d’un autre côté, il existait nombre de mondes exotiques proposant toute une multitude de safaris et autres excusions en tout genre à même de la tenir occupée des jours entiers. Mais rien de comparable à ce qu’elle faisait au sein de l’Empire. L’Alliance Rebelle avait remporté la victoire en tuant l’Empereur et en renversant son grand Empire. Mais cela ne voulait pas dire pour autant que les Impériaux devaient cesser de tout faire pour tâcher de retrouver leur gloire passée. Elle faisait une bonne action en continuant sa vindicte contre ces Rebelles. Les vacances pourraient bien attendre encore quelques années de plus.

Était-ce le fait d’avoir à l’esprit ces mondes utopiques baignés de douce chaleur estivale qui fit que Priya eut l’impression que la température avait grimpé de quelques degrés en pénétrant à son tour dans la pièce dont elle venait de libérer l’accès ? C’était un peu subtil pour elle pour qu’elle soit certaine que cela ne soit pas le seul fruit de son imagination. Mais elle aurait effectivement été prête à jurer qu’il faisait deux ou trois degrés de plus que dans le corridor désert qu’elle venait de quitter à l’instant. Puis cette odeur parfumée de renfermé et de poussière chaude qui avait titillé les narines de la Chiss en lui rappelant de bons souvenirs titilla à son tour celles de l’espionne. D’accord. Ce n’était pas qu’une impression. Il faisait bien quelques degrés de plus ici. Priya en soupira d’aise en balayant du regard l’intérieur de la salle. Une pièce ovale. Dépourvue de fenêtres étant donné que la base était souterraine. Et… miracle ! De la lumière. Il y avait du courant ici aussi. Triss venait en effet d’actionner un interrupteur et Priya rangea sa lampe torche.

La Chiss interpella alors son amie pour lui montrer une console trônant dans un coin de la pièce. Celle-ci ne payait pas de mine à première vue, mais elle confirma en un instant toutes les suppositions de l’officier des Renseignements Impériaux. Selon les dires de Triss, la console était un modèle datant d’à peine une trentaine d’années. Priya ne chercha pas à discuter cette estimation. C’était là le domaine de prédilection de son amie. Et depuis le temps qu’elles se connaissaient, l’espionne avait appris à lui faire aveuglément confiance dès lors qu’il était question de terminaux informatiques et autres bidules technologiques. Ses domaines de prédilection à elle étaient le combat rapproché et les moteurs de navette. Elle se débrouillait pas mal en pilotage également. Mieux que la Chiss du moins. Même si la jeune femme se défendait bien en fait. Mais là n’était pas la question. Revenons-en au terminal informatique.

Triss accorda à Priya une nouvelle petite leçon d’histoire. Le genre de chose que l’espionne avait toujours apprécié. Honnêtement, il était impossible de maîtriser tous les sujets possibles et imaginables. Mais le fait de glaner ici ou là de petites bribes d’informations pourrait qui sait peut-être lui sauver la vie un jour ou l’autre. En l’occurrence, savoir que ce terminal datait des guerres cloniques et que c’était typiquement le genre de technologie récupérée par l’Alliance Rebelle par le passé ne lui sauverait sans doute pas la vie si elle se retrouvait dans une situation précaire. Mais au moins pourrait-elle se vanter ce soir de finir la journée un peu moins bête. Ce n’était pas grand-chose en soi. Mais cela lui fit entrevoir une chambre chaude et un lit chaud lui aussi qui l’attendaient à bord d’un vaisseau en orbite autour de cette fichue planète. Priya hocha à ce moment-là la tête. Du fait de cette douce pensée s’étant imposée à elle ou alors parce qu’elle tenait à informer son amie qu’elle avait compris et qu’elle pouvait poursuivre son investigation ?

— Mais encore ? demanda-t-elle en détournant les yeux de la console pour inspecter le reste de la pièce.

La Chiss s’était glissée entretemps devant le terminal et confirma ses soupçons quelques secondes plus tard. Il était bien question de codes rebelles. Cet endroit avait donc bel et bien été l’une de leurs bases secrètes abandonnée toutefois depuis leur victoire sur l’Empire. Ou avant peut-être. C’est justement le genre d’informations que Triss et elle étaient venues récupérer dans ce tombeau gelé. L’espionne était sur le point d’en faire la remarque à son amie lorsqu’elle entendit celle-ci pousser un juron dans sa langue natale. Ce qui n’était pas anodin de sa part.

— Eh ! Surveille ton langage ! s’exclama l’espionne en se rapprochant de son amie pour jeter un œil par-dessus son épaule. (Elle ne parlait pas à proprement dire le cheunh mais Triss avait été assez prévenante les premières années où s’était forgée leur amitié pour lui apprendre les bases de cette langue. Et bien entendu, la première chose qu’on ne manque pas d’apprendre dans une langue étrangère toute nouvelle à nos yeux : les jurons.) Quel est le problème ? poursuivit toutefois l’espionne, de nouveau sérieuse, en se doutant que quelque chose n’allait pas. (D’une part, la Chiss avait l’air contrariée. D’autre part, c’était une question d’instinct. Et le fait est que celui-ci ne lui avait jamais fait défaut avant aujourd’hui. Et force est d’admettre que cela ne commencerait pas de sitôt. Quelque chose n’allait vraiment pas.)

— Comment ça les données sont récentes ? répéta Priya dès que Triss lui fit part de sa découverte. C’est impossible. Cet endroit est abandonné. On n’a repéré aucun signal ni aucun mouvement suspect lorsque nous avons délimité un périmètre de sécurité autour de cette base.

Mais Triss était formelle. Certaines de ces données ne dataient que de quelques heures. Elles n’étaient donc pas seules dans cette base supposée à tort déserte. Le temps que Priya assimile cette information et l’espionne avait déjà dégainé son blaster et était retournée à l’entrée de la pièce. Elle jeta un œil dans le corridor qu’elles avaient emprunté pour venir ici. Rien. Rien non plus dans l’autre couloir qui tournait et disparaissait de son champ de vision quelques mètres plus loin. Aucun mouvement.

— R.A.S. (Elle jeta un œil par-dessus son épaule sans bouger de son poste.) Tu es sûre de toi ? (Non pas qu’elle cherchait à mettre en doute la parole de son amie. Elle désirait juste avoir confirmation. Ce que la Chiss s’empressa de faire avant de s’attaquer au téléchargement des données.) Alors il faut faire vite. (Triss la mit en garde sur le fait qu’elle risquait peut-être de donner l’alerte en tentant de pirater cette console.) Nous n’avons pas le choix. On est venues pour ça après tout. Fais ce que tu peux. Je continue à monter la garde en attendant. Mais fait vite surtout.

Elle se doutait que Triss n’avait pas besoin de se l’entendre dire. Pour preuve : quelques minutes à peine suffirent pour effectuer le téléchargement et aucune alarme ne se déclencha. Priya échangea un regard entendu avec son amie. Autant des félicitations qu’une question muette visant à savoir si elle était prête à lever le camp. Ce qui semblait être le cas. Mais avant, elle lui demanda que faire ? Après tout, la base semblait finalement encore active. Au tout moins semblait-elle tourner au ralenti. C’était peut-être une occasion rêvée de mettre la main sur des informations d’une valeur inestimable pour l’Empire. Un point sur lequel l’espionne était entièrement d’accord avec la Chiss. Mais d’un autre côté, elles étaient venues avec un objectif précis en tête et elles l’avaient rempli. Apprendre que cette base était finalement occupée représentait désormais un risque pour la réussite de cette mission. Ne valait-il pas mieux mettre à l’abri les informations d’ores et déjà récoltées au risque sinon de tout perdre si jamais les choses venaient à mal tourner ? Mais peut-être pareille occasion ne se représenterait pas avant longtemps ? Passer à côté risquait d’être une grave erreur en fin de compte. Et se séparer était tout bonnement hors de question. Cela aurait pourtant été la meilleure chose à faire, mais compte tenu du climat de Belsavis et du chemin tortueux qu’elles avaient emprunté pour venir jusqu’ici, mieux valait refaire la route inverse à deux pour plus de sécurité. Que faire alors ?

Priya demeura silencieuse un moment à retourner la question dans sa quête. Elle ne doutait pas que la Chiss était parvenue au même raisonnement qu’elle. C’est donc sans surprise qu’elle crut noter la même détermination dans les yeux de son amie lorsqu’elle décréta finalement :

— On continue. (Elle hocha la tête pour donner plus de poids à ses paroles.) On détient encore l’élément de surprise. Cela ne pourra que jouer en notre faveur pour l’instant. L’Empire a grandement besoin de toute information susceptible de tomber entre nos mains. Alors récoltons tout ce que nous pouvons et faisons-le si possible en restant dans l’ombre. Avec de la chance, on pourra sortir d’ici aussi discrètement qu’on est entrées et personne ne se doutera jamais que nous étions là. Partante ?

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'Dé normal' :

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◊ heart of ice ◊

Quitte ou double. C’est là le pari risqué que devaient faire les deux femmes. Ou elles jouaient la carte de la sécurité et décidaient de rebrousser chemin dès à présent avec les informations d’ores et déjà en leur possession. Ou alors elles tentaient le tout pour tout et poussaient plus avant dans la base rebelle avec le fol espoir de mettre la main sur plus de secrets d’une valeur inestimable. Les deux options se valaient. Chacune avait ses pours et ses contres. Au final, la décision revenait tout bonnement à prendre ou non un risque. Et le fait est que dans la branche professionnelle dans laquelle les deux Impériales exerçaient, prendre des risques faisait partie de la routine du quotidien. Aussi ne fut-il pas étonnant qu’elles tombent toutes deux d’accord pour poursuivre plus avant les investigations. Et comme Triss le fit remarquer d’ailleurs : ce n’est pas tous les jours en effet que l’Empire tombait sur une base rebelle encore active. Alors c’était le moment ou jamais d’en tirer profit. Ce que les deux femmes avaient bien l’intention de faire.

Ressortant sa carte holographique, la Chiss s’accorda un moment de réflexion. Elle analysa longuement la disposition des lieux sans formuler un seul mot. La salle dans laquelle Priya et elle se trouvaient était silencieuse et rien ne laissait penser que qui que ce soit s’était rendu compte d’une éventuelle intrusion. Elles n’avaient rien à craindre pour le moment. Aussi Priya garda-t-elle les yeux rivés sur la carte qu’elle s’efforça de mémoriser de son mieux. Le savoir était source de pouvoir et pouvait faire toute la différence entre la vie et la mort. Mieux valait qu’elle conserve une copie aussi fidèle que possible de la disposition des lieux si jamais Triss et elle venaient à être séparées ou si la holocarte rendait l’âme pour une raison ou une autre. Mieux valait prévenir que guérir, n’est-ce pas ? Et on n’était jamais trop prudent de toute manière. Alors autant prendre un maximum de précautions avant de se lancer dans la gueule du loup.

Priya venait de mémoriser autant d’informations qu’elle estimait possible lorsque Triss reprit la parole. La Chiss se lança alors dans un briefing en bonne et due forme. Elle dressa un portrait des lieux. Les situa sur la carte en éliminant d’entrée de jeu les secteurs accidentés. Elle désigna rapidement le corridor par lequel elles étaient arrivées avant de tendre la main vers une plus grosse structure se trouvant au même niveau qu’elles : un hangar selon la Chiss. Priya hocha la tête. Cela semblait suffisamment logique selon elle. Elle était sur le point de proposer à son amie de commencer les investigations d’abord par cette zone afin de sécuriser un point d’extraction au cas où la situation s’envenimerait. Mais la Chiss la prit de court en l’informant que l’entrée la plus directe avait l’air effondrée. C’était bien leur veine. D’autant plus que le seul autre accès passait obligatoirement par le niveau le plus souterrain : celui où les Rebelles avaient certainement élu domicile étant donné que le premier niveau était en grande partie accidenté et que les deux intruses n’avaient pas rencontré âme qui vive à ce niveau-ci depuis leur arrivée.

— Disons que ça ne facilite pas l’infiltration, c’est certain, fit remarquer Priya en hochant pensivement la tête. Mais de toute évidence, nous n’avons pas le choix. Si cette porte est la seule à conduire à cette zone et s’il est bien question d’un hangar à navettes, alors c’est un risque à prendre. Nous devons sécuriser un point d’extraction avant de tenter quoi que ce soit. On ne sait pas ce qui nous attend là-dessous. Autant éviter si possible de nous retrouver prises au piège en terrain ennemi.

Priya fronça les sourcils. Elle avait relevé les yeux en se rendant compte que Triss n’avait pas cherché à faire le moindre commentaire à propos de ce qu’elle venait de dire. Le fait est que la Chiss était pensive. Et l’espionne impériale aurait mis sa main à couper que son amie à la peau bleue n’avait pas écouté un seul mot de ce qu’elle venait de lui dire à l’instant. Elle ne lui en tint pas rigueur toutefois. Elle connaissait la Chiss suffisamment bien maintenant pour deviner lorsqu’une idée de génie venait de prendre vie dans sa petite tête bien remplie. Et comme de fait : elle pianota sur sa carte et fit apparaître en superposition sur celle-ci tout un réseau de nouveaux tunnels ne figurant pas sur les plans avant cela. Les sourcils de Priya se froncèrent de plus belle tandis que la Chiss se dérobait en emportant la carte avec elle avant que l’espionne ait pu se faire une idée précise de ce dont il était question.

— Euh… Triss ? demanda-t-elle en la suivant du regard. Que dirais-tu de partager avec le reste de la classe ?

La Chiss mit le temps, mais elle consentit finalement à partager avec sa partenaire le fond de sa pensée. Des conduits d’aération. Elle proposait de se servir d’eux pour infiltrer le niveau inférieur et observer les Rebelles à leur insu en demeurant dans l’ombre. Hors de vue. Discrétion totale assurée. Les maîtres mots du modus operandi de l’espionne. La discrétion avant tout. Et comme pour leur signifier qu’elles étaient sur la bonne voie : la taille du conduit était tout juste suffisante pour leur permettre de se glisser dedans sans avoir à se délester de leur équipement de survie en milieu hostile. Si ça ce n’était pas un signe pour le moins encourageant ! Priya hocha donc la tête lorsque son amie lui demanda si elle était partante.

— Néanmoins, histoire que les choses soient claires : le coup du conduit de ventilation, ce n’est rien de plus qu’un cliché, ma chère. (Priya lui fit un clin d’œil amusé.) Quelque chose me dit que tu regardes bien plus de holos durant ton temps libre que tu ne veux bien l’admettre. Crois-le ou non, mais aussi étonnant que cela puisse être, la majorité des infiltrations se font par la grande porte. Je ne pourrais même pas te dire à quand remonte la dernière fois que je me suis glissée dans un conduit comme celui-ci. C’est dire. (Elle lui offrit un sourire cette fois.) Mais oui, partante. Allons-y.

Triss se glissa la première dans la conduite de ventilation. Priya lui laissa prendre de l’avance afin de lui laisser autant d’espace que possible dans ce tunnel étroit. Puis elle lui emboîta le pas en prenant soin de remettre la grille de protection en place afin de s’assurer que personne ne se doute du pot aux roses. Avec tout ça, elle avait oublié de remettre sur le tapis la question de sécuriser un point d’extraction au cas où les choses tourneraient mal. Hélas, cette précaution ne lui revint en mémoire que lorsque la Chiss se retourna vers elle lui pour lui signifier par un code qu’elles n’étaient pas seules.

Priya s’immobilisa à son tour et tendit l’oreille. Mais honnêtement, la jeune femme ne comprit rien de l’échange qui avait lieu quelques mètres en-dessous d’elle. Il faut avouer que le système de ventilation n’était plus de toute première jeunesse. Le ronronnement continu qu’il faisait couvrit les voix des deux hommes ne faisant que passer sous leurs pieds. Le temps que l’espionne parvienne à mettre en sourdine dans sa tête ce bruit assourdissant, les deux hommes s’en étaient allés. Ils avaient disparu dans un couloir latéral. Elle n’avait rien pu surprendre de leur échange. Mais une petite voix dans sa tête lui disait que ce n’était pas grave. Les bruits de couloir comme ceux-là pouvaient parfois se révéler utiles dans certains cas, mais il s’agissait rarement d’informations pouvant changer le cours d’une bataille ou ayant le pouvoir de faire ou de défaire tout un empire. Tout au mieux était-il question de ragots ou de rumeurs pouvant servir à faire chanter tel ou tel individu particulièrement récalcitrant. Mais sans plus. Nul doute que les deux Impériales trouveraient des informations bien plus intéressantes en poursuivant leurs recherches.

Comme de fait, la Chiss s’était remise en mouvement. Priya sur les talons. Mais l’espionne se figea tout à coup d’effroi en percevant un bruit qui n’avait franchement rien de très encourageant. Dans la foulée, le conduit tout entier trembla et se détacha tout bonnement du plafond avant de chuter en entraînant les deux intruses avec lui. La première fois que le conduit avait tremblé, Priya avait retenu son souffle. Mais voyant que la structure tenait bon et que Triss s’était remise en mouvement, elle avait cru que les attaches résisteraient. Mais c’était sans compter sur la vétusté des lieux. Et quand bien même ce niveau-ci était habité, le fait est que la maintenance des conduits de ventilation ne semblait pas faire partie de leurs priorités. Et de fait, à cause de la négligence de quelques ouailles, voilà que les deux Impériales se retrouvaient les quatre fers en l’air tandis que le corridor entier résonnait de leur entrée pour le moins… fracassante. Et en prime, une alarme se déclencha pour leur souhaiter la bienvenue. Quelle veine !

Ni une ni deux, les deux femmes se remirent sur leurs pieds. Plus de peur que de mal au final. La chute aurait pu leur être bien plus fatale. Elles s’en tiraient pour l’heure sans la moindre égratignure. Seul leur ego en avait pris un coup. Mais l’heure n’était pas venue de se fustiger pour l’instant. Le fait est que la base entière devait à présent être informée de leur intrusion. Elles se retrouvaient donc en terrain ennemi sans aucune porte de sortie. Et au vu des bruits de pas venant dans leur direction, elles n’étaient plus si seules que cela désormais.

Priya et Triss avaient atterri dans une pièce servant sans doute d’entrepôt au vu des caisses entreposées ici. Deux portes barraient deux des quatre murs. Une dans la cloison nord et une autre dans celle à l’est. Des bruits de pas indiquèrent aux deux femmes que quatre individus se précipitaient dans leur direction. Deux à chaque porte.

Triss choisit ce moment précis pour reconnaître calmement qu’elle admettait qu’elles pouvaient oublier l’aspect « routine » désormais. Priya eut tout juste le temps de hausser un sourcil signifiant « tu crois ? » avant que leurs adversaires ne leur tombent dessus, armes au poing et prêts à en découdre.

Citation :

◊ Se mettre à couvert : dé normal. Priya n’a qu’un point en vitesse mais ses adversaires se contentent de faire un tir de barrage le temps de trouver une meilleure position de tir.
Réussite : elle parvient à esquiver les tirs et se met à couvert derrière une caisse.
Échec : elle est touchée par l’un des tirs avant de parvenir tout de même à se mettre à couvert. Dépend de l’intensité de l’échec.

L’espionne parvint de justesse à se jeter entre deux piles de caisses avant que ne pleuvent les tirs. Mais ce n’était vraiment pas passé loin. Comme en témoignait l’odeur de tissu brûlé provenant d’un trou dans sa capuche. L’un des tirs de blaster était passé tout près. Elle était indemne. Mais cela ne s’était pas joué à grand-chose. Cela ne fit que contribuer à inonder son système d’adrénaline. Une chance que le hasard ait voulu que des caisses aient été entreposées ici quelques heures plus tôt. Elles offraient un couvert aux deux jeunes femmes afin qu’elles puissent reprendre leur souffle.

— Bon bah… On oublie aussi pour l’infiltration toute en discrétion, souffla Priya à son amie recroquevillée quelques mètres plus loin derrière une seconde pile de caisses. (Entre deux rafales de tirs ennemis, elle risqua un bref coup d’œil par-dessus son couvert.) J’en compte deux de ce côté-ci. Et toi ? (Tout autant.) Chacun son côté ? demanda-t-elle en tirant son blaster et en se préparant à surgir pour faire feu. (Priya prendrait l’entrée nord. Elle laissait le soin à Triss de nettoyer à l’est.) Prête ? À trois. Un… Deux… Trois !

Surgissant de derrière son couvert, Priya ouvrit le feu sur deux des quatre ennemis. Une fois encore, la chance n’était pas de leur côté pour ce qui était du conduit ; mais la disposition des caisses assurait ses arrières vis-à-vis des adversaires de Triss. Et inversement : ceux que combattait Priya ne jouissaient pas d’une vue particulièrement dégagée sur sa compagne. C’était toujours ça de pris en termes d’avantage.

Citation :

◊ Tirs de blaster : dé difficile. Priya n’a qu’un point en blaster et ses adversaires sont à couvert de part et d’autre de la porte.
Grand succès : le tir touche mortellement l’un des adversaires et offre une ouverture à Priya pour aller engager le second au corps à corps.
Succès : le tir porte et blesse l’un des deux hommes et offre également une ouverture à Priya pour aller engager le second au corps à corps le temps que le premier se relève.
Petit succès : le tir porte et blesse l’un des hommes, mais Priya ne trouve pas d’ouverture pour attaquer au corps à corps.
Échec : le couvert encaisse le tir à la place des cibles.

Le temps de presser trois ou quatre fois la gâchette et Priya se recroquevilla vivement derrière la caisse lui servant de couvert avant que ne rugisse la contre-attaque. Elle jura entre ses dents. Aucun de ses tirs n’avait atteint ses cibles. L’espionne n’était parvenue qu’à défigurer le mur entourant la porte de quatre vilaines balafres noires. Cela la mettait dans une rage folle. Hélas, force est d’admettre qu’elle ne valait pas grand-chose avec une arme en main. Elle était bien plus douée pour le combat rapproché. Aussi se tourna-t-elle vers sa partenaire pour voir comment elle se débrouillait en attendant d’avoir une nouvelle fenêtre de tir.

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'Dé normal' :

Lancer de dé pour un échange de tirs avec l'ennemi.

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'Dé difficile' :

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#1 'Dé facile' :


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#2 'Dé normal' :

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◊ heart of ice ◊

On peut dire que l’entrée fracassante des deux Impériales ne manquait pas de style. Malheureusement, elles n’eurent guère le temps de se remettre pleinement de leur chute et de soigner leur ego meurtri. Le fait est que l’alarme qui leur avait souhaité la bienvenue après la chute du conduit avait attiré du monde et la pièce dans laquelle les deux femmes avaient atterri se trouva bientôt assiégée de toutes parts. Des hommes bloquaient les deux sorties. Le combat était inévitable et les deux Impériales n’eurent qu’une fraction de seconde pour se mettre à couvert avant que ne pleuvent les tirs ennemis.

Priya avait roulé derrière un amoncellement de caisses offrant un bon couvert. Son amie Chiss avait opté pour sa part pour une poutre métallique gelée soutenant le haut plafond. C’est là que Priya avait soufflé à Triss qu’elles pouvaient tirer un trait sur toute infiltration discrète. Ce à quoi la Chiss avait rétorqué que le coup des conduits était peut-être digne d’un holo, mais au moins dans les holos, ils étaient plus solides que ça. Remarque qui ne manqua pas d’arracher un sourire amusé à l’espionne recroquevillée derrière sa pile de caisses. Cette réflexion était en total décalage avec le caractère périlleux de la situation. Mais elle n’en était pas moins la bienvenue pour autant. Une manière comme une autre de soulager le stress et de faire en sorte de garder les idées claires. Les deux Impériales auraient bientôt besoin de leur pleine capacité pour se sortir indemnes de cette situation. Elles ne pouvaient prendre le risque de se retrouver paralysées par l’angoisse.

En paiement pour la remarque que lui avait faite Priya plus tôt à propos du vieux cliché des conduits de ventilation dans les holos d’espionnage, la Chiss lui demanda si finalement c’était ça ce qu’elle entendait par « passer par la grande porte ». Une chute depuis un conduit d’aération vétuste dans une base rebelle qu’elles tentaient d’infiltrer en toute discrétion afin de ne pas activer l’alarme ? Non. Pas vraiment. Aussi Priya répondit-elle à son amie sur le ton de la plaisanterie.

— Non. Je pensais plutôt à quelque chose de moins… fracassant. Du style : voler un uniforme et se faire passer soi-même pour un Rebelle. Ou quelque chose dans le même genre. Mais avoue que tu aimes être remarquée dans le fond. On ne pourra pas te reprocher de soigner tes entrées en tout cas.

Mais plaisanteries mises à part, les deux Impériales retrouvèrent rapidement leur sérieux. Une ou deux plaisanteries ne faisaient pas de mal pour alléger la tension et combattre stress et angoisse. Mais mieux valait tout de même ne pas perdre de vue le plus important : elles étaient prises au piège et cernées de tous les côtés. Elles devaient donc rester concentrées un minimum. C’était littéralement une question de vie ou de mort. Il suffisait d’une seconde d’inattention et d’un seul tir de blaster bien placé pour mettre un terme définitif à leur amitié. Un risque que Priya ne souhaitait pas prendre.

L’espionne avait donné ses directives à sa partenaire. L’une prendrait l’entrée nord et l’autre couvrirait la porte est. Si Triss eut l’air de s’en sortir pas mal du tout de son côté, Priya n’eut pas cette chance. Elle avait manqué ses cibles et avait été tout juste bonne à défigurer à vie le mur dans lequel était dessinée la porte servant de couvert à ses ennemis. Quatre tirs. Quatre balafres. Aucun Rebelle touché. Un carton plein d’une certaine manière. Mais pas de celle qui arrangeait les deux Impériales. C’était bien leur veine. Tout avait pourtant si bien commencé. Pourquoi fallait-il que leur chance tourne là maintenant ? Enfin, surtout celle de Priya. Quoique… C’est Triss qui avait arpenté le conduit de ventilation la première, elle était donc responsable de la rupture des attaches et de leur chute. Priya n’en démordrait pas sur ce point. Elle n’était pas une sainte non plus. Elle se sentait moins mauvaise si son amie Chiss était elle aussi jugée responsable pour quelque chose ayant été de travers. C’était de mauvaise guerre, oui. Mais cela resterait entre elles. Cela ne figurerait en aucun cas dans le rapport de la jeune femme. Priya avait des principes tout de même et elle ne cracherait jamais sur le dos d’une partenaire pour quelque chose relevant tout bonnement de la malchance. Mais chut ! Elle ne comptait pas l’admettre devant son amie.

— Des conseils ? répéta Priya en entendant la Chiss lui poser une question. Laisse-moi réfléchir un instant. (Imitant son amie, elle tira à l’aveuglette juste pour contraindre ses adversaires à rester à couvert. Elle eut ainsi le champ libre pour balayer rapidement la pièce du regard avant de devoir se recroqueviller de nouveau derrière son abri de fortune. Elle pensait avoir mis le doigt sur quelque chose pouvant s’avérer utile.) Il faut qu’on sorte d’ici. On ne tiendra pas un siège éternellement. (L’évidence même. Mais avant qu’elle ait pu ajouter quoi que ce soit d’autre, Triss lui fit remarquer le panneau de contrôle commandant l’ouverture et la fermeture de la porte nord. La Chiss lui proposa de la couvrir pendant qu’elle détruirait le panneau, condamnant ainsi l’entrée.) Qui ne tente rien, n’a rien. (Priya avait encore en travers de la gorge ses quatre ratés précédents.) Prête ? Go !

Le temps jouait contre elles. La Chiss avait détourné l’attention des gardes à l’est en abattant d’entrée de jeu deux des leurs. Mais nul doute que les deux autres adversaires qui restaient ne tarderaient pas à s’en remettre et à revenir à la charge, plus déterminés que jamais. Mieux valait se débarrasser des hommes à la porte nord au plus vite avant que les deux autres Rebelles ne les prennent à revers et ne les abattent comme des Banthas désarmés. Raison pour laquelle Priya quitta le couvert des caisses dès que Triss se mit à canarder leurs ennemis. Elle prit une profonde inspiration et ne quitta pas des yeux la cible qu’elle cherchait à atteindre. Elle fit l’impasse sur tout le reste, oubliant complètement le monde autour d’elle. Elle comptait sur son amie pour la tirer à couvert si jamais sa vie était menacée. Pour le moment, toute son attention demeura donc focalisée sur ce minuscule panneau de contrôle. Une cible inerte. Petite… certes. Mais immobile. Et surtout, ne cherchant pas à l’abattre comme un Rancor enragé.

Citation :

◊ Tir de blaster : dé normal. Priya n’a qu’un point en maniement de blaster mais elle tire sur une cible immobile. Elle est concentrée et son système est surchargé d’adrénaline.
Réussite : elle parvient à atteindre son but et la porte nord se verrouille.
Échec : elle manque sa cible et lâche un juron Hutt bien senti.

Décidemment, la chance n’était pas du côté de Priya. Et pour cause : le tir de blaster manqua son objectif d’un bon mètre au moins. Et pour couronner le tout, un Résistant audacieux tenta de faire fi des tirs de barrage de Triss pour contre-attaquer pendant que les deux femmes étaient à découvert. Et bien entendu, la chance n’étant pas du côté de l’espionne, elle était forcément du côté du Rebelle. Et celui-ci fit mouche sans problème. Son tir atteignit Priya en plein dans son arme qui lui fut arrachée des mains avant qu’elle ait compris ce qui se passait. L’arme alla se perdre en terrain découvert. Hors de portée… bien entendu.

Une fraction de seconde plus tard, l’espionne sentit une poigne de fer se refermer sur sa nuque et la tirer à couvert des caisses. Louée soit Triss. Deux tirs de blaster suivirent le premier qui avait fait mouche et vinrent défigurer la caisse se trouvant dans le dos des deux espionnes. Ce n’était pas passé loin. La jeune femme lâcha un juron bien senti en Hutt. La rage déformait les traits de son visage. Elle massa ses mains qui n’étaient pas passées loin de prendre un coup elles aussi. Fichue planète. Fichue climat. Fichu blaster de merde. Et fichue malchance. Assez. Elle en avait assez. Il était temps de prendre les choses à bras-le-corps. Elle tourna la tête vers son amie Chiss et lui demanda :

— Est-ce que tu vois la conduite au-dessus de la porte ? (Elle attendit un retour de sa partenaire.) Est-ce que tu penses pouvoir l’atteindre ? Je te parie cinquante crédits que c’est une conduite de vapeur sous pression. Un tir de blaster bien placé et ça devrait nous offrir une diversion pour mettre hors d’état de nuire ces deux sleemo poy. (Encore du Hutt. C’était mauvais signe quand Priya se mettait à parler Hutt.)

L’espionne soutint un moment le regard de son amie Chiss, attendant une réaction de sa part. Ne serait-ce qu’un hochement de tête. La moindre approbation. De toute manière, ce n’est pas comme si la jeune femme avait perdu son arme dans l’affaire. Autant dire qu’elle était à présent aussi utile qu’un Gungan à une session du Sénat. Leur survie reposait donc entièrement sur les épaules de la Chiss. Alors, partante ou non pour tenter l’approche de Priya ?

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#1 'Dé normal' :


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#2 'Dé normal' :

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◊ heart of ice ◊

Priya avait toujours été une femme très terre-à-terre. Empiriste. Ne croyant que ce qu’elle pouvait voir ou toucher de ses propres mains. Aussi n’avait-elle jamais été très portée sur tout ce qui avait trait au mysticisme ou à la spiritualité. Elle préférait ce qui était tangible et concret. Autant dire donc qu’elle ne vénérait aucune divinité ou force cosmique censée gouverner l’univers et la galaxie. L’Homme était selon elle maître de son destin. Il récoltait uniquement ce qu’il semait. Le bon comme le moins bon. Le bonheur comme la misère. Une conception étrange quand on sait qu’elle avait perdu des membres de sa famille dans des circonstances qui, selon ses croyances, impliquaient en fin de compte qu’ils avaient mérité ce qui leur était arrivé. Ce qui n’était pas vrai. Elle refusait de voir les choses ainsi en ce qui concernait son père et son frère. On récoltait ce qu’on avait semé, certes. Mais parfois, il arrivait que les circonstances ne jouent pas en notre faveur car tout n’était que chaos et entropie en ce monde. Preuve en était : Triss et Priya se retrouvaient à présent prises entre le marteau et l’enclume. Les deux femmes étaient en très mauvaise posture. Acculées dans un coin de la pièce tandis que les mâchoires du piège se refermaient lentement mais sûrement sur elles. Le temps jouait contre elles.

La situation dans laquelle Priya et Triss se trouvaient actuellement était une affaire de malchance. C’est tout. Aucun dieu vengeur ou force mystique ne les avait contraintes à se retrouver en pareille détresse. La chance avait été de leur côté tandis qu’elles progressaient dans le désert de glace en direction de la base rebelle supposée abandonnée. Elle les avait aidées à pénétrer dans l’enceinte vétuste et à accéder à la console dont la Chiss était parvenue à repérer la faible signature énergétique. Et puis soudain, tout s’était mis à aller de travers. La chance avait tourné et les deux amies impériales s’étaient retrouvées dans une situation pas possible et tout bonnement inextricable. Mais était-ce vraiment la faute à pas de chance ? La chance n’était pas quelque chose de tangible et de scientifiquement quantifiable. Rejeter la faute sur elle n’avait donc aucun sens selon les principes de Priya. L’espionne était cependant certaine d’avoir fait les choses comme il fallait. De même que son amie Chiss. Donc si les deux femmes ne pouvaient pas se rejeter la faute mutuellement, il fallait bien trouver un troisième coupable : la faute à pas de chance…

L’espionne impériale avait juré en Hutt lorsque Triss l’avait tirée à couvert, lui sauvant la vie in extremis. Cela s’était joué à un cheveu. Comme en témoignaient les impacts noirs sur les caisses juste devant elle. En écho à la remarque que la jeune femme lui avait faite un peu plus tôt lorsqu’elles étaient encore dans la salle avec le terminal informatique, la Chiss ordonna à son amie de surveiller son langage. Puis appelant au calme, elle lui remit les idées en place en lui disant qu’elles auraient tout le temps de céder à la colère une fois qu’elles seraient tirées d’affaire. Priya avait soutenu son regard un instant. Puis elle avait hoché la tête. Elle était rassurée de voir que même si elle n’était pas du genre à apprécier le travail sur le terrain, son amie ne perdait pas de vue le principal : elle avait dit « quand » elles seraient tirées d’affaire et non « si ». Cela pouvait paraître anodin, mais pour un soldat en difficulté, cette nuance pouvait faire toute la différence entre la vie et la mort. Entre l’espoir et l’abandon. Entre le désir de survivre et la paralysie.

Priya avait alors désigné à Triss la conduite de vapeur en lui demandant si elle pensait pouvoir l’atteindre. Si la Chiss touchait au but, la conduite sous pression arroserait les deux Rebelles et ferait diversion assez longtemps pour qu’elle puisse couvrir la distance les séparant d’eux et les mettre hors d’état de nuire en les engageant en combat rapproché. Mais bien entendu, une fois encore, rien ne se passa comme prévu. La chance n’était décidément plus de leur côté. Elle les avait abandonnées. Non pas que Priya était du genre à se reposer aveuglément sur la chance. C’était même tout le contraire. Elle était plutôt du genre à ne pas s’engager dans quoi que ce soit avant d’avoir établi un plan logique et pertinent. Mais force est d’admettre que quand tout va à vau-l’eau comme ça, on ne peut s’empêcher de dire que tout est la faute de la malchance. Ou du mauvais œil. Ou de ce que vous voulez de néfaste en ce monde.

La chance avait abandonné Priya lorsqu’elle avait voulu faire usage de son blaster et Triss fut victime de la même défection lorsqu’elle tenta de faire sauter la conduite de vapeur sous pression. Elle manqua sa cible. Priya refusa de mettre cela sous le coup de la chance, mais le hasard fit que la Chiss atteignit une structure métallique qui finit par céder sous son propre poids. En s’écrasant sur les deux Rebelles gardant l’entrée, elle offrit une minuscule fenêtre d’action aux deux malchanceuses. Aussi Priya ne se le fit-elle pas dire deux fois lorsque Triss lui ordonna de courir.

Courbée en deux, elle se rua vers l’entrée nord en faisant de son mieux pour ne pas penser aux tirs qui pouvaient à tout moment surgir dans leur dos si les deux autres combattants jetaient un œil depuis leur couvert et se rendaient compte de ce que les deux Impériales avaient l’intention de faire. Priya passa la porte la première et remonta le corridor sans un regard en arrière en soupirant de soulagement lorsque le bruit caractéristique de la fermeture d’une porte étanche l’informa que sa partenaire avait condamné l’accès derrière elle. Mais elles n’étaient pas sorties d’affaire encore. Les deux hommes dont Triss s’était momentanément débarrassée revenaient d’ores et déjà à la charge et ils se trouvaient toujours dans le même corridor qu’elles. Les deux femmes eurent juste le temps de parcourir une dizaine de mètres et de sauter dans la première pièce s’ouvrant devant elles avant que ne pleuvent de nouveaux tirs dans leur dos. Là encore, Triss se chargea de condamner l’accès d’un tir de blaster bien placé.

Pliée en deux, Priya se passa la main dans les cheveux et les ramena dans son dos en prenant une lente et profonde inspiration. Elle aimait l’action et elle venait d’être servie. Elle tremblait encore sous l’effet de l’adrénaline. Un sourire étirait ses lèvres malgré la gravité de la situation. Un sourire nerveux. C’était plus fort qu’elle. Elle n’y pouvait rien. Mais ce sourire s’estompa d’un battement de cils lorsque ses yeux se posèrent sur son amie. Celle-ci venait de commenter l’aspect de la pièce dans laquelle elles venaient de mettre les pieds. Priya était d’accord avec elle. Cela ressemblait effectivement à un générateur quand bien même elle le trouva étonnement petit pour une base rebelle. Il avait plus l’air trafiqué et fait maison qu’autre chose. Mais elle n’avait pas eu le temps de partager le fond de sa pensée avec Triss car celle-ci lui avait demandé si elle pouvait l’aider à attraper sa carte avant de pousser un cri.

— Mais… tu es blessée ! s’écria l’espionne en couvrant en deux enjambées la distance la séparant de sa partenaire. Laisse-moi jeter un œil. (Priya dédaigna la carte et ignora complètement la remarque de la Chiss à propos de l’accès menant si ses souvenirs étaient bons au hangar au-dessus de leurs têtes.) Laisse-moi jeter un œil à ta blessure, veux-tu. Arrête de bouger !

Mais la Chiss n’en fit qu’à sa tête et s’éloigna de quelques pas pour aller prendre appui sur la console du générateur se trouvant tout près. Elle fit part de son idée à Priya mais celle-ci secoua vivement la tête.

— D’abord, laisse-moi inspecter ta blessure, demanda l’espionne en revenant à la charge.

Elle maîtrisait quelques connaissances basiques en matière de premiers soins prévues précisément pour ce genre de cas de figure. Avant de penser à quoi que ce soit d’autre, elle tenait à s’assurer que son amie n’avait pas reçu une blessure plus grave qu’elle n’en avait l’air de prime abord. L’Impériale tenait toujours debout et était capable de se montrer têtue et bornée. De toute évidence, sa blessure était superficielle. Du moins, assez pour ne pas représenter un danger de mort immédiat. Mais Priya tenait à s’en assurer ; que son amie le veuille ou non. Cela ne prendrait que quelques minutes.

— Ils ne pourront pas entrer ici de toute manière étant donné que tu as condamné la porte, précisa-t-elle. (Elle évita en toute connaissance de cause de faire référence à la seconde entrée. Il pouvait en effet y avoir d’autres Rebelles dans ce secteur de la base. Voire dans le hangar que les deux intruses cherchaient à atteindre. Il y avait donc toujours un risque pour qu’elles se fassent surprendre. Surtout que si c’était le cas, les hommes qu’elles avaient laissés derrière elles ne devaient pas avoir manqué d’avoir fait passer le mot à d’éventuels renforts.) Feth’ris’sharo ! insista Priya. Fais-moi voir ça.

La scène aurait pu avoir un petit côté comique si elle n’avait pas été si grave. En effet, Priya avait fait les gros yeux à son amie Chiss en prenant une voix maternelle autoritaire. Mais force est de constater que cela avait porté ses fruits. L’Impériale avait consenti malgré elle à écarter le bras et à dévoiler la brûlure que le tir de blaster avait laissé sur son passage. Le tissu de la combinaison de la Chiss sentait le roussi. Ainsi que la peau azur qui apparaissait en-dessous. Mais après quelques dizaines de secondes d’examen, Priya soupira de soulagement. Plus de peur que de mal. La blessure était vilaine, mais superficielle comme elle s’y était attendue. Elle lancerait et handicaperait légèrement sa partenaire, mais le pronostic vital n’était pas engagé. C’était le principal.

— Bien, tu vivras. (Elle secoua la tête en souriant sous l’avalanche de commentaires de la Chiss soulignant que c’est ce qu’elle n’arrêtait pas de lui dire. Puis tirant quelque chose de son sac, elle le lui tendit et lui dit.) Applique ce patch sur ta blessure. Ça devrait te soulager en attendant d’être de retour sur le vaisseau. C’est du Bacta. Ça ne va pas te mordre, ajouta-t-elle avec un sourire en voyant la réticence de son amie.

Mais rien à faire. La Chiss campa sur ses positions et refusa catégoriquement d’appliquer le patch. Priya sachant qu’elle ne pouvait l’y contraindre par la force, elle récupéra la compresse et la rangea dans son sac avant de demander :

— Ça ira, tu crois ? (Il y avait une pointe d’inquiétude dans sa voix. Mais elle se ressaisit rapidement en voyant le masque professionnel que la Chiss arborait. La mission avant tout.) Et à propos de ce machin, tu disais ? reprit alors l’espionne en désignant du menton le générateur fait maison.