Ce furent des éclats de voix qui la réveillèrent ce matin-là ce qui eut pour effet de la mettre dès le réveil, de très mauvaise humeur. Et lorsqu'elle était de mauvaise humeur, mieux valait ne pas contrarier la jeune femme. Elle se leva, remarquant au passage qu'elle ne s'était même pas déshabillée la veille, elle avait seulement enlevé ses bottes. Ses souvenir étaient flous, et elle n'était pas suffisamment éveillée pour s'en souvenir. Le contact de son sabre, accroché à sa hanche, fut la seule chose qui la rassura.
Se levant, elle passa la porte qui s'ouvrit automatiquement devant elle sans jeter un seul coup d'oeil derrière elle. Elle ignorait même quelle heure il pouvait bien être. Ce fut uniquement lorsqu'elle atteignit l'extérieur qu'elle se rendit compte que la matinée était bien entamée. Rapidement elle quitta l'endroit. Pour dormir, elle avait du convaincre le propriétaire du lieu. Cela ne lui avait coûté aucun crédit, l'homme étant faible d'esprit. Mais elle préférait ne pas s'attarder.
Après des années passées sur Coruscant, la jeune femme connaissait bien la géographie des lieux. Cela ne lui rendait pas l'endroit agréable pour autant. Il y avait peu de choses qu'elle appréciait sur cette planète. Le district ouest était un de ces rares endroits où elle aimait à aller, et cela tombait plutôt bien puisque c'était précisément l'endroit où elle se rendait. Vêtue d'un long manteau bleu sombre, elle n'attirait pas vraiment l'attention, d'autant plus que son capuchon n'était même pas rabattu. Si elle avait voulu attirer l'attention, elle aurait masqué son visage, mais à découvert, personne ne prêterait attention à elle. Elle avait toujours l'air si douce, si innocente, que personne ne pourrait la soupçonner d'être mauvaise. Et pourtant, Rhivallon l'était. Elle trouvait cela très amusant, de jouer tant sur les apparences, de fixer les gens avec un regard innocent, de sourire et de rire sans aucun problème, même si tout était faux.
Sa seule crainte résidait en le fait d'être reconnue par l'un de ses anciens camarades. Coruscant était une vraie fourmilière, un endroit parfait pour se cacher, ne pas être aisément trouvé. Parmi toutes ces foules, il suffisait de s'y glisser et d'y disparaître. A part dans les beaux quartiers, personne ne demanderait une identité. On pouvait aussi la reconnaître comme étant la fille de son père. Il était un marchand plutôt connu. Mais depuis deux mois, elle était présumée morte, et lorsqu'elle se présentait elle donnait généralement des fausses identités. Ce qui l'arrangeait. Être présumée morte, c'était un avantage, un atout dont elle tirerait avantage un jour. Pour elle, ses parents en tout cas étaient morts. De la reconnaissance, elle en ressentait toujours un peu envers son père, elle savait qu'elle lui devait beaucoup. Mais elle devait beaucoup plus à son Maître désormais. Tout en fait.

Un imposant bâtiment se dressa devant elle. Elle était arrivée. Parfait. Le Skydome renfermait en son sein les jardins botaniques. Un endroit que certains jugeait un peu étouffant, et Rhivallon aurait pensé la même chose, mais désormais elle était habituée aux atmosphères lourdes et pesantes, sur Yavin IV, c'était à peu près le même.
La jeune femme pénétra dans l'endroit, sa vision assaillit de verdure. Elle suivit les instructions qui la menèrent jusqu'aux plantes carnivores. Alors seulement, elle attendit, observant les plantes impressionnantes pour la plupart, prêtant une oreille attentive mais peu intéressée à la discussion animée de deux botanistes qui se disputaient à propos du régime alimentaire d'un spécimen. Elle effleura son sabre laser, cachée par ses vêtements, c'était un geste qui était devenu un réflexe presque familier au fil des années. En repensant au passé, un sourire étira ses lèvres. Dire qu'il y a quelques années seulement, elle ne savait pas se battre, jamais un jour, elle n'aurait savoir se servir d'une arme quelconque, encore moins d'un sabre laser.
Une présence derrière elle la fit se retourner tandis qu'elle se retrouvait face à son Maître. Aucun mot ne sortit de sa gorge, elle inclina simplement la tête en guise de salut. Même si les deux botanistes s'étaient éloignés et étaient hors de portée, elle préférait toujours être prudente. Ne pas se trahir. Finalement, elle brisa elle-même le silence « Vous vouliez me voir? »

La rencontre qu'il avait eu avec cet homme de main d'un riche collectionneur n'avait pas été... ce qu'il avait espéré. Nihl n'avait aucune idée qu'il rencontrerait un Sith, qui plus est un Seigneur Noir, tout comme son défunt maître, qu'il haïssait toujours malgré sa mort. Pourtant, l'indice de l'Holocron Sith aurait du le mettre sur la piste, qui voudrait tant un objet de tel envergure peu connu par les non-initiés à la Force. Le Lord avait l'indice qu'il s'agissait d'un Jedi, ou d'un Sith. Enfin, il avait donc rencontré un Seigneur Noir et l'échange d'informations avaient pu être intéressant. Les Siths ne parlaient peu, mais la plupart se vantaient de leur action. Surtout sur la planète mère des Sith, endroit où l'on verrait que très rarement la présence du Lord.

La suite ? Le Sith avait donc pris congés, se reposant alors dans son chasseur. Pas besoin de quelque chose de très spacieux, et la non-conformité de son vaisseau lui allait pour le moment. Peut-être qu'avec la vieillesse, il trouverait un appartement dans les planètes où il se trouvait le plus souvent. La nuit passa en un temps record, et comme d'habitude ces derniers jours, il rêvait de ses parents. La joie de vivre de ses parents, son enfance heureuse jusqu'à ce meurtre. Chaque nuit, il faisait le même rêve. Le sourire carnassier de  Mortuum lorsqu'il achevait ses parents de son sabre laser et lui, petit garçon de quinze ans qui tentait de s'enfuir en tirant au blaster. Comme toujours, il se réveillait en sursaut, suant de toute part. Il lâchait un soupir, la matinée avait déjà commencé, et il avait un rendez-vous important.

Prenant un taxi, pour changer, il se dirigeait jusqu'à le lieu où il devait rencontrer Rhivallon. Qui était-elle ? Son apprentie, bien sûr. Il l'avait repéré il y a quelques années ici-même, mais il avait décidé de la laisser encore grandir avant de vaquer à ses propres occupations. Il avait retrouvé la jeune femme alors qu'elle se faisait former comme Jedi, mais elle bascula rapidement du côté obscur lors de l'attaque de Yavin IV. Un peu plus de deux mois qu'il la formait, et bien sûr, elle avait un énorme potentiel, sachant pertinemment qu'elle pourrait le dépasser tôt ou tard.

Le Seigneur Sith, habituellement vêtu de sa cape et capuchon sur sa tete, approchait de la jeune femme qu'il avait repéré près des plantes carnivores. Lord Nihl n'était jamais rentré dans ce bâtiment pourtant très cotée lors de l'Ancienne République, mais les temps avaient changé désormais. Son apprentie se retourna, et il sourit, retirant alors son capuchon. Il gratta légèrement sa barbe, mal rasée avant de la saluer. Oui. As-tu dont trouver les réponses à tes questions, mon apprentie ? Lui demandait-il, il savait pertinemment que la jeune femme cherchait l'instigateur de l'attaque de Yavin IV. Un esprit de vengeance ? Ou alors, un coup dans sa fierté d'avoir été blessé ? Nihl ne savait pas la raison de son objectif.

J'ai rencontré un autre Sith. Un Seigneur noir, nous devrions être plus prudents dans nos actes désormais. Nul doute qu'il apprendra très vite que j'ai une apprentie, et je ne connais pas encore ses intentions. La mettait-il en garde, il n'avait pas envie que quelque chose arrive à son apprentie. Rhivallon avait tout pour devenir une Seigneur noir, aussi. La force était puissante en lui, jeune apprentie. Continuait-il, et bien sûr il n'y avait pas que ça. Du moins, il ne l'avait pas convoqué pour cela. Il voulait lui confier une mission, ou deux, tout dépendait d'où elle en était dans sa formation. Lord Nihl ne savait pas s'il était encore trop top pour l'envoyer sur le terrain et le feu de l'action.

Depuis quand la vengeance dictait-elle ses actes ? Elle l'ignorait. L'attaque l'avait marquée, dans sa chair, dans la confiance qu'elle se portait. Elle comptait se venger, certes, mais pas se laisser aveugler par la vengeance. Il fallait qu'elle reste toujours à peu près lucide pour mener à bien la mission qu'elle s'était donnée. Aussi lorsque son maître lui posa précisément une question en rapport avec cela, elle ne sut que répondre. Hausser les épaules n'était pas une réponse digne d'elle. « Ce n'est pas ma priorité. Je suis patiente. J'attendrais. » Demi-mensonge. Elle continuait à gratter, à fouiller discrètement, mais sans forcément agir. Elle était en train de réfléchir, de repenser à tout ce qu'il s'était passé.
Le sujet fut de toute façon rapidement oublié lorsque lord Nihl lui parla d'un autre sith, un seigneur noir en lui recommandant d'être plus prudente désormais. Et il l'a mit en garde quand à sa puissance. Un long frisson glacial parcourut son corps. Elle prenait ces mises en garde au sérieux. Elle savait parfaitement que les siths n'étaient pas unis entre eux, il n'y avait que les maîtres, et leurs apprentis, ces derniers pouvant tout à fait prendre la place de leurs maîtres sans aucun problème. « Ne vous inquiétez pas Maître, je n'ai pas pour habitude d'être imprudente, ni de sous estimer mes adversaires. » En effet, elle passait son temps à observer, celle qui était sous-estimée en général, c'était elle. Pas le contraire. Elle était plus intelligente que physique, misait plus sur ses capacités mentales que physiques. C'était étrange de penser ainsi pour quelqu'un ayant ses pouvoirs, mais elle avait bien vécu ainsi pendant une vingtaine d'années avant d'apprendre à maîtriser la Force, elle s'en était sortie, et s'en sortirait encore, du moins l'espérait-elle. Elle n'était pas du genre à se surestimer, mais elle était certaine de ses capacités.

« Mais vous n'êtes pas venu pour me mettre en garde, n'est-ce pas? » continua t-elle en fixant son regard sur une mère et son fils qui observaient les plantes, un peu plus loin. Ce n'était qu'une question rhétorique. Il n'était pas là pour la mettre en garde, mais pour autre chose. Sinon, pourquoi demander à la voir ? Lui faire parvenir un simple message aurait été plus simple, plus rapide. Le fait qu'un autre Sith soit présent, seule raison pour que son maître lui en ait parlé, était dérangeant évidemment, mais peut-être était-il parti ? Après tout, Coruscant était immense. Sauf si il la sentait. Mais si il y arriverait, le contraire serait vrai également. Elle serra les poings, cette situation ne lui plaisait pas. Sans doute serait-il temps pour elle de s'éloigner un peu de Coruscant. Elle avait perdu le compte des jours qu'elle y avait passé. Trop à son goût, trop pour rien.
Avait-elle peur ? Rhivallon était prudente. Elle n'aimait pas tous les potentiels dangers qui pouvaient se dresser devant elle, généralement, elle les abattait avant qu'ils ne deviennent trop menaçant. Ou essayait. Son ancienne formation lui avait appris à ne pas fuir devant les dangers, à les affronter, c'était ce qu'elle faisait, à sa façon du moins.
Quoi qu'elle fasse, Rhivallon était toujours ramenée à son passé. Un nom. Elle voulait juste un nom pour savoir. L'ignorance était pour elle insupportable. Le mal avait déjà été fait, ses blessures soient disant pansées. Mais pour elle ce n'était ni plus ni moins qu'un échec, elle n'en était pas responsable, personne n'aurait pu prévoir cette attaque. Personne sauf Luke Skywalker. Il avait sans doute eu trop confiance en lui, en la situation, pensant qu'installer ses apprentis dans un endroit aussi reculé serait bénéfique. Cela avait été le cas, il n'y avait personne qui avait souffert à cause de leurs pouvoirs, mais cela avait causé la chute aussi. Et dire qu'elle avait eu la malchance de se trouver au mauvais endroit ou mauvais moment. Le destin jouait parfois de fort vilains tours.

La patience... La patience n'était pas une qualité propre aux Siths, et à regarder son maître, elle ne devrait pas attendre. Lui qui attendait depuis quatre ans maintenant sans informations sur le meurtrier de son maître, il n'avait qu'une information : il s'agissait d'un Sith. Mais, la vengeance mangeait son âme petit à petit, et il sombrait du côté obscur de plus en plus... Qu'est ce qui le raccrochait à ce côté lumineux ? Le souvenir de ses parents. Le souvenir de ses parents le hantait constamment, et bien qu'il tentait de combattre cela, Nihl se trouvait de plus en plus faible. Des choses qu'il ne faisait pas paraître, car la facette qu'il montrait à ses semblables était celle d'un homme déterminé et croyant au côté obscur de la Force. Il en maîtrisait chaque recoin, alors que ces fichus Jedis se considéraient comme esclave de la Force.

Le Lord décidait de mettre en garde son apprenti concernant le Seigneur noir qu'il avait rencontré peu de jours avant. Cet homme l'intriguait, et il semblait cacher certaines vérités. La fore étant puissante en lui, il ne savait que penser : rester sur ses gardes était le mieux qu'il puisse faire. Cependant, son apprenti avait raison : il n'était pas là pour cela.  Toujours aussi perspicace, Rhivallon. Lui disait-il alors que de sa main, il touchait sa barbe. Un tic qu'il avait depuis qu'il avait laissé pousser cette barbe. Barbe qui lui donnait un certain charme, malgré tout. J'ai une mission à te confier. Voyons tout d'abord si tu en es capable... Continuait-il, mais avant ça, il devait s'assurer que ses exercices avaient été faits.

Avant chaque mission, ou chaque départ, Nihl n'oubliait pas de donner un entraînement spécifique à son apprenti et cette fois ci, il avait tenté de lui faire comprendre la Force par la pensée. Il allait s'introduire dans son âme, ses pensées, et l'objectif était de savoir si son apprentie arriverait à faire rempart. Les Siths utilisaient les émotions, c'était leur principale caractéristique contrairement aux Jedis et le Lord voulait savoir si elle allait réussir à utiliser ses émotions et non pas les subir.

Ses yeux s'enfoncèrent dans ceux de l'humaine, et un combat de regard et de pensées commençait. Le visage de l'homme restait impassible, il était totalement concentré sur l'exercice et plus rien autour ne comptait. La force les protégeait, les préviendrait si quelque chose arriverait aux alentours, le Seigneur Sith le savait. Cet exercice lui permettait également de s'entraîner à maîtriser ses émotions, et le retour de flamme était possible. Son apprentie en le contrant pouvait également voir les pensées du Sith qui étaient multiples : la mort de ses parents, son premier assassinat, sa vie quotidienne lorsqu'il n'était pas avec son apprentie comme la rencontre avec Darth Locara ou Darral, Nihl devait faire attention. Après tout, Rhivallon ne savait que peu de choses sur son maître, et cela était très bien comme ça. Tout du moins, ça satisfaisait le Lord.

Elle aurait presque pu se sentir flattée des paroles de son maître. Presque. Sauf que chez elle c'était plus instinctif qu'autre chose. Observer et analyser, diagnostiquer et agir. Au mot mission son cœur s'emballa et une lueur illumina son regard clair. Pas de la peur non, de l'envie, de l'excitation, l'adrénaline qui soudain bouillonna dans ses veines. Une mission. Depuis l'attaque elle n'avait pas vraiment servi, pas été utile. Elle tenait là son occasion de prouver ce qu'elle valait, à condition qu'elle réussisse. Chez les Jedis elle savait qu'elle aurait pu échouer, mais là ... C'était différent. Elle devait réussir à tout prix, à n'importe quel prix pour prouver qu'elle n'était pas faible. Qu'elle était à sa place.
Son regard croisa celui de son maître. Aussitôt quelque chose changea. Elle commença à pressentir l'imminence de l'attaque avant même de la ressentir. Sa seule réaction fut de se raidir, notamment ses jambes avant de ne pas vaciller et tomber à la renverse, quand à sa seconde, ce fut celle de le rejeter, de le contrer.
Ce n'était pas le genre d'exercice auquel elle était habituée, pas le genre de chose qu'on lui avait apprise, elle qui autrefois était pourtant un Jedi. C'était un viol. Un viol de l'esprit. Mais Rhivallon comprenait parfaitement la nécessité de cet exercice. Quiconque pénétrait dans son esprit pouvait réussir à en tirer des informations. Elle grogna sous l'effort qu'elle devait fournir pour le contrer, maîtrisant du mieux qu'elle pouvait sa respiration car ce n'était pas le moment de paniquer. La panique causait le chaos, le désordre, l'échec.

Une enfant courait dans la forêt, ses longs cheveux pales virevoltant autour de son visage souriant. Devant elle se dressa soudain des ruines imposantes. La voix de sa mère, Claire, lui parvint comme si elle était à ses côtés. C'est l'un des premiers temples que les Jedi fondèrent, fit-elle. Mais pourtant sa voix retentit aussi plus loin derrière elle, lui ordonnant de cesser de courir, de revenir. Hors la petite fille ne revint pas, attirée par la puissance qui se dégageait du lieu. C'était comme si une voix séduisante dans sa tête l'attirait inexorablement. Il ne lui suffisait que de franchir quelques mètres avant d'y pénétrer...
Pénétrer. À ce mot elle réagit. Comme si on l'avait giflée. Elle s'était laissée avoir. Rhivallon réussit alors à se défaire de l'emprise de son maître sur elle, se concentrant de toutes ses forces. Un sentiment d'échec s'empara alors d'elle tandis que son regard restait fixé sur le sol. Elle avait mené un combat et avait échoué. Elle n'était pourtant pas une vulgaire débutante. Mais il lui restait encore tellement de choses à apprendre. Et elle avait commencé son entraînement bien trop tard. D'un autre côté le laisser entrevoir ses souvenirs pouvait lui servir à condition qu'elle-même ne se laisse pas absorber par ces derniers. Elle savait qu'au fond, la curiosité l'emportait toujours. Laisser quelqu'un apercevoir son passé dont elle se souciait peu, n'ayant rien à cacher, pouvait lui permettre de prendre le dessus ou de prendre par surprise. Mais Rhivallon ne fut guère rassurée par cette pensée.

Les yeux du Sith s'était posé sur ceux de son apprenti, et il allait fouille dans son esprit. L'objectif était qu'elle le bloque, mais le Seigneur avait décidé d'y aller à fond et ainsi, de ne pas la ménager. A quoi cela lui servirait-elle si son maître ne l'entraînait pas à fond ? Quiconque pourrait s'introduire dans sa tete et trouver des informations, et pour une Sith, c'était se faire avoir facilement. Au début, le trentenaire eut du mal à pénétrer dans ses pensées, la barrière qu'elle avait fixé était puissante mais... Son apprenti ne continuait pas cet effort là, et les images purent défiler alors de l'enfance de Rhivallon. Les ruines du Temple Jedi, et Rhivallon, enfant, attiré par la Force alors que l'on lui criait de ne pas y aller. Mais... Nihl fut dégagé de ses pensées, alors à ce moment là. Son apprenti fixait le sol, elle n'avait pas de quoi avoir honte. Du moins, pas pour l'instant. Lord Nihl avait mis bien des années à pouvoir contrer son ancien maître et à tenter de s'immiscer dans ses pensées... Des souvenirs, seulement des souvenirs.

S'approchant de la jeune femme, sa main fit relever sa tete. Tu ne peux pas tout contrôler d'un seul coup, mon apprenti. Lui dit-il, et c'était la vérité. J'ai mis plus d'une année à contrôler cela. Tu le feras en moins de temps, j'en suis persuadé. Il avait continué, il voulait la rassurer et lui montrer qu'elle n'était pas faible, car il le savait c'était ce Rhivallon pensait à cet instant précis. Il avait vécu ce moment là, sauf que son maître n'avait pas été tout à fait aussi amical et rassurant qu'il l'était maintenant. L'aider au mieux dans sa formation était son devoir de maître, il ne devait pas que la guider. Ton passé t'aidera à trouver la puissance. Un silence s'installa entre les deux Sith, Nihl pouvait compter sur Rhivallon. Il le savait, elle pourrait donner sa vie pour lui, c'était ce qui lui fallait.

Ta première mission consistera à te rendre sur Tattoine. Tu vas devoir tuer une certaine personne qui s'y cache. Lui disait-il, alors qu'il montrait l'hologramme d'un homme. C'était un contrebandier, celui qui devait lui remettre l'Holocron. Cet homme en savait un peu trop sur les Siths et ayant peur qu'il parle de leur existence, mieux valait mettre fin à la sienne. Lord Nihl rangea alors l'hologramme, avant de continuer. Klaydios t'accompagnera. Puis, tu me rejoindras sur Korriban. Pour la suite, il ne savait pas réellement comment tout cela allait se passer, cependant il avait senti que certains utilisateur de la Force avait péri sur cette planète. Peut-etre n'entrait-il pas dans les plans de la reconstruction de l'Ordre Sith, et le Lord se devait de comprendre la raison de tout ce désordre.

Les touristes qui visitaient le jardin dévisageaient les deux Siths, mais Nihl s'en contrefichait. Comment pourraient-ils deviner leur vraie nature alors qu'ils ne soupçonnent pas du tout l'existence de la Force ? Ce peuple vivait inconsciemment... Il les enviait, car sa vie aurait pu etre tout à fait pareil si Darth Mortuum n'était pas apparu et n'avait pas tué ses parents. Son regard s'obscurcit, et il se mit à penser à ce qu'aurait été sa vie sans l'apparition du Seigneur noir. Il aurait été un simple chasseur, rien de plus, rien de moins.

Non elle ne pouvait certes pas tout contrôler d'un seul coup. Mais son entraînement de Jedi n'avait-il donc servi à rien ? Elle savait manier son sabre laser, ça oui, c'était déjà un bon point, mais le reste ? Il y avait tellement possibilités quand à l'utilisation de la force, encore plus maintenant qu'elle n'avait plus de contraintes, surtout des contraintes morales, imposées par d'autres. Elle ne réagit pas lorsque son maître lui releva la tête, à ce contact pourtant si dérangeant. Elle détestait être touchée. Mais elle ne montra absolument rien, restant parfaitement impassible. Il tentait de la rassurer. La rassurer. Comme un maître le ferait envers son apprenti... normalement. Hors ils n'étaient pas normaux. Surtout lui. C'était un Sith. C'était étrange. Un léger sourire effleura ses lèvres. Rassurant. Mais un peu effrayant. Une part d'elle aurait préféré qu'il la réduise en miette de honte, la fasse se sentir incapable pour qu'elle réagisse, qu'elle s'améliore. Son passé l'aiderait à trouver sa puissance. Dubitative à ses mots, elle n'en montra cependant rien. Elle pouvait bien utiliser tous ses souvenirs, cela ne lui posait pas de problème particulier, Rhivallon en avait parfaitement conscience. Le seul point faible qu'elle avait, c'était une planète. C'était Tython, sa planète natale. C'était là-bas qu'elle avait ressenti pour la première fois la Force, et pas que les traces laissées par les premiers jedis. Non. Il existait sur Tython, des forces obscures et mystérieuses, des créatures dangereuses qui n'avaient pas leur place dans ce monde, et qui pourtant s'y trouvait, pour la seule raison qu'on les y avait emmené.

Ces pensées furent bien vite oubliées, mises de côté lorsqu'elle entendit le mot mission. Alors, elle y allait quand même. Tattoine. Tuer. C'était parfaitement dans ses cordes. Trouver sa cible, l'éliminer. Elle n'était pas un assassin, pas officiellement du moins, elle n'était qu'une apprentie. C'était un sale boulot qu'on lui confiait-là mais Rhivallon ne voyait aucune raison de s'y opposer. Lord Nihl lui montra l'hologramme de l'homme en question, qu'elle imprima dans son esprit. Elle n'oublierait pas son visage, ni sa silhouette, pas lorsqu'il vivrait encore. Ensuite elle l'oublierait. Elle les oubliait tous. Il ne servait à rien de se remémorer.
La jeune femme masqua une légère grimace lorsqu'elle fut informée que Klaydios l'accompagnerait. Ses doigts trouvèrent ses boucles blondes, s'enroulèrent autour, tirèrent. « Vous ne me faites pas suffisamment confiance pour m'y envoyer seule? » murmura t-elle finalement. Pourquoi l'y envoyer elle ? Le tuer ? N'était-ce pas là le rôle de la créature qui lui servait d'homme à tout faire ? Était-ce pour cela qu'il la suivrait ? Pour vérifier que la cible mourrait bien quitte à finir le boulot lui-même ?
Rares étaient les planètes que Rhivallon avait visité, et elle n'était jamais allée sur Tattoine. Elle savait que c'était la planète sur laquelle Luke Skywalker avait grandi, il leur en parlait, parfois. Une planète désertique. Tout ce que Rhivallon adorait. C'était ironique, évidemment. Toute planète sans verdure ni eau était laide à ses yeux.
Elle savait que c'était une planète peu peuplée. Déjà elle échafaudait mentalement des plans, ayant presque oublié ce qui la dérangeait. Il serait sans doute aisé pour elle de piéger cet homme, mais tout d'abord, il faudrait qu'elle le trouve, qu'elle l'observe. Ensuite seulement elle attaquerait.
Quand à l'idée de le rejoindre ensuite sur Korriban... Elle avait déjà hâte d'achever sa mission avant même de l'avoir commencée. Rhivallon savait qu'elle n'aurait pas du avoir hâte, c'était une planète dangereuse, à cause de ses habitants notamment, mais elle était prête. Ou du moins le pensait-elle. « Y a t-il autre chose que je dois savoir avant de partir? » s'enquit-elle également.

Pourquoi ses souvenirs venaient l’assaillir maintenant ? Pourquoi pensait-il à une vie normale et monotone ? Le côté obscur lui apportait tout ce dont il avait besoin : richesse, pouvoir, puissance, et liberté. Pourtant, il n'arrivait pas à s'acclimater encore à cette vie. Sans cesse, il pensait à ses parents, très certainement déçus de leur fils, peu importe où ils se trouvaient. Après un silence, Nihl reprit un peu de lucidité et annonça à son apprenti l'objet de sa mission. Un assassinat. La réaction de Rhivallon lui allait, et il se rappelait lorsque son maître l'avait envoyé en mission pour un assassinat. Il était plus jeune que la jeune blonde et au dernier moment, le garçon avait hésité à porter le coup fatal. Longuement hésité... Son premier meurtre, il s'en rappelait comme si c'était hier, en faisait la plupart du temps des cauchemars. Se rappelant des cris de l'homme qui demandait pitié, implorant qui lui laisse la vie. Puis... sa tete qui roulait par la suite sur le sol.

La réaction de son apprenti lorsqu'il lui apprit que Klaydios sera du voyage le surprit, mais pourtant elle n'avait pas forcément tort. Nihl avait bien plus confiance en Klaydios qu'en Rhivallon, ou n'importe qui d'autre. Il n'était pas que son homme de main, son homme à tout faire, il était aussi son seul ami. L'amitié pour un Sith, c'était surement l'ironie du sort ou ce qui lui rapprochait le plus du côté lumineux de la Force. Une faiblesse, une très grosse faiblesse mais Nihl gérait cela du mieux qu'il le pouvait. Il ne laissait rien paraître quant à son amitié avec le Rattataki, et il le faisait passer pour son chien. Voilà tout. Seul, tu auras du mal. N'oublies pas qu'il s'agit d'un contrebandier, ils ont plus d'un tour dans leur sac et il ne sera certainement jamais seul. Puis, tu connais les capacités de Klaydios. Répondit-il, et il tuerai le contrebandier si son apprenti avait une once d'hésitation, tout en lui faisant immédiatement transmettre le message de son échec. Le Sith pensait tout de même que l'utilité de Klaydios serait moindre, il croyait en la réussite de sa jeune apprentie.

Non, ce sera tout. Transmets moi un message lorsque tu auras terminé ta mission, comme convenu, je serai sur Korriban. Je t'y attendrai. Il ne savait pas ce qui allait se passer sur  Korriban, la terre des Sith, mais il pressentait déjà que rien n'allait bien se passer. Klaydios ne pouvais l'accompagner sur la terre noire, il aurait pu ici être d'une grande utilité pour sa défense. Après ces dernière informations, Nihl n'avait plus rien à dire à son apprenti et il prit congés. Il comptait sur Rhivallon pour mener à bien la mission qu'il lui avait confié. La réussite ou l'échec de cette mission pouvait dépendre sur l'avenir de son apprenti, il espérait tirer du positif sur cela.

Donc il était bel et bien là pour la surveiller. S'assurer qu'elle ferait bien son travail, achèverait sa mission. Rhivallon se retint de lever les yeux au ciel. Tuer un simple homme ne devait pas être si dur que cela. Si il représentait un quelconque danger pour elle, elle emploierait la ruse pour parvenir à ses fins. Mais pour elle, sa cible était déjà un homme mort, elle ne s'inquiétait pas d'un échec possible car elle n'échouerait pas. 
Elle montrerait à son maître de quoi elle était vraiment capable, ainsi à l'avenir sans doute la laisserait-il partir seule sans la faire accompagnée par son chien de garde. Rhivallon était déjà incommodée par la présence de ce Klaydios, mais elle ferait comme elle faisait toujours lorsque quelque chose ou quelqu'un la dérangeait: elle ignorerait. Peut-être allait-il se révéler être utile, elle n'en savait rien mais elle s'en fichait. Elle avait sa fierté, une fierté qui avait été un peu trop malmenée à son goût ces derniers temps. 
« Je saurais être prudente. » répondit-elle simplement. Les contrebandiers avaient peut-être plus d'un tour dans leurs sacs, Rhivallon s'en souciait peu, elle aussi, en avait, et elle, contrairement à eux, avait la Force. Un nouveau sourire incurva ses lèvres tandis qu'elle regarda son maître s'éloigner d'elle. Son regard se reposa sur les quelques personnes présentes tandis qu'elle se retourna pour observer les plantes carnivores. La plante, c'était elle, et elle s'enroulerait autour de sa proie pour l'étouffer sans lui laisser le temps de comprendre. Ou peut-être que si. Mais Rhivallon était vraiment prudente, elle ne s'amusait pas.
Elle cessa bien vite d'observer les végétaux pour aller trouver Klaydios. Plus vite elle remplirait cette mission et plus vite elle pourrait rejoindre son maître sur Korriban, et dans l'immédiat, c'était tout ce qu'elle souhaitait. Déjà, elle échafaudait des plans dans sa tête, ses pensées bouillonnaient. Durant le voyage vers Tattooine, elle aurait le temps d'en sélectionner quelques unes et une fois sur place, elle verra laquelle elle devait appliquer.
Elle n'échouerait pas. C'est la promesse qu'elle se fit tandis qu'elle sortait du Skydome. Elle n'en avait pas le droit.
Elle soupira donc et partit à la recherche de Klaydios, ignorant totalement où il était et si il avait une idée de comment se rendre sur Tatooine sans trop attirer l'attention. Cela devait être dans ses cordes, c'était en tout cas, moins dans celle de la jeune femme qui n'appréciait pas particulièrement les voyages. Elle ne voulait même pas penser à ce qu'il l'attendait, au spatioport, ni même une fois qu'elle serait dans le vaisseau. Rien qu'à cette pensée, sa gorge se serra tandis que son coeur manqua un battement. Elle serra les poings et continua d'avancer d'un pas déterminé. Personne n'en saurait jamais rien.