L'obscurité semble douce lorsqu'on finit enfin par l'accepter, lorsqu'on cesse de se débattre entre son éternelle étreinte. L'obscurité est plus paisible lorsque je me laisse bercer à travers ses vagues, lorsque je me laisse couler au fond de ses abysses. Il n'est rien de plus douloureux que d'écarter les ténèbres par l'éclat d'une lumière étincelante qui vous éblouit et vous aveugle. Un conflit qui me fait plus de mal que de bien, autant de douleur que de peur. Je suis l'enfant de l'obscur qui veut embrasser le monde de la lumière, mais qui échoue à chaque fois pour sombrer à nouveau dans les ténèbres. C'est apparemment ici où semble être ma place, que je le veuille ou non. Mon « inconscience » se plaît à le rappeler, rappeler que peu importe ce que je décide consciemment, de manière réfléchie et raisonnable, ma nature reprendra toujours le dessus. Alors, oui, j'ai pété un câble, j'ai laissé la peur, la colère, le mépris me submerger. La mort de Luke et de nos camarades, suite à mon inutilité, mon mensonge... Cela ne serait probablement jamais produit, si j'avais cessé la comédie, si je n'avais pas renié mes capacités d'autant, si je n'avais pas adopté la lumière. Je n'aurais probablement pas souffert si d'ailleurs, je n'aurais jamais connu l'existence même du côté lumineux. Baigner dans la noirceur me protégeait le cœur des blessures psychologiques difficilement soignable. Mais j'ai été stupide et curieuse de connaître la lumière, de délier le voile obscur qui recouvrait mon noir petit cœur. Et voilà que l'attentat a réussi à atteindre mon cœur, là où autrefois il n'aurait guère pu le frôler. Donc oui, je suis confuse à partir de ce jour fatidique, j'ai su que j'avais fait des choses dont je n'avais pas conscience, m'indiquant que j'étais clairement dépendant de l'obscurité. Le simple fait d'avoir été touchée par une forme de communauté, a engendré ce grand mal en moi.
Alors, oui, je n'ai pas su avoir la force de rester auprès des autres Jedi, la peur de sombrer à cause d'eux, de l'attachement que je porte à leur égard. Oui, je les ai fuis et je les fuirai à nouveau, si ça m'écarterait du chemin qui mène au Sith, qui mène à ma mère. Les événements du District 1313 qui ont démontré que j'étais incapable de résister à la colère, validant la véracité des paroles de Lucrèce quant au fait, que je suis faible, que les ténèbres me consumeront si je suis incapable de les dompter. Pour finir, je n'ai jamais réussi à maîtriser les ténèbres, je n'ai jamais réussi discipliner mes émotions, prouvant que je ne suis pas capable d'être une jedi à la hauteur d'Elyas ou de Reika dont leur nature est calme et attention. Donc, en effet, lorsque Icarus m'a viré pour une raison de business, alors qu'avant j'ai subi ce que je ne souhaiterai pas à mon pire ennemi, j'ai laissé la colère exploser. Et quand, il m'a traité de sith, la colère s'est transformée en une peine plus douloureuse encore que celle subit peu après l'attentat. Pas parce que l'insulte venait du capitaine de l'Orono Bastra, mais parce qu'il avait visé un point qui fit déborder le vase. Je ne voulais pas tenter de tuer Icarus, seulement qu'il m'attaque, que je lui prouve à nouveau que j'étais compétente, plus qu'il ne le pensait, malgré mes blessures. Mais rien de cette histoire n'a tourné en mon sens, comme si tout m'échappait... Au final, la peur de devenir réellement un sith, fini à ce moment-là par m'angoisser. J'ai préféré mourir, plutôt que de prendre le risque d'en devenir un ; un parasite de sith.
Je respire lentement, ma tête penchée, laissant mes cheveux tomber vers le vide. Je me sens pas très bien, que ce soit physiquement ou mentalement parlant. Je tente de me redresser sur ce qui semble être une chaise, bien que mes mouvements semblent pour la plupart bloqués. J'observe un peu la pièce autour de moi, mais je ne la reconnais pas. Mais je suis certaine d'une chose, on n'est plus sur la station de la Watchtower.
Kilian venait de dire adieu à Icarus à sa manière, abruptement et brièvement. Ce n’était peut-être qu’un au revoir, mais le contrebandier se disait que ses nouvelles fonctions allaient l’amener très loin des lieux fréquentés par l’homme. Sa promesse de rejoindre l’ordre allait l’occuper à plein temps, et de toute manière, il sauterait peut-être le pas qu’il avait refusé de franchir depuis des années en s’achetant un vaisseau si nécessaire. Pour le moment, il se retrouvait dans son appartement en compagnie d’Alma. Son regard fixait la demoiselle se demandant ce qu’il venait de se passer exactement. Le côté obscur avait failli l’engloutir complètement dans la cabine de l’Orono Bastra. L’homme se demandait si c’était judicieux de prendre ce problème en main, compte tenu de son peu d’entrain dans ce domaine quelques jours auparavant. Il aurait probablement quelques conseils à donner, mais il se disait qu’il aurait dû contacter Ronas avant de prendre une décision quelconque à ce sujet. Maintenant la décision était prise, et il avait envie d’entendre les explications de la blonde avant d’arrêter son choix définitivement. Elle était attachée par sécurité, pour éviter qu’elle ne tente de l’attaquer au cas où elle était encore sous l’emprise de cette colère ou de ces sentiments négatifs. Il espérait simplement retrouver cette personne qu’il avait connu sur Yavin IV afin de pouvoir discuter calmement avec elle.
Kilian vaquait à ses occupations quand il entendit du mouvement provenant de la pièce où se trouvait Alura. Il la vit bouger légèrement comme si elle reprenait doucement conscience. Son coup avait été un peu trop fort de toute évidence, il faut dire que la colère l’avait conduit à se mettre plus de force que nécessaire… et puis il avait aussi craint qu’elle ne riposte en cas d’échec de sa tentative pour la contenir. Le contrebandier prit une chaise et s’installa dessus. Il croisa les bras sur le dossier qui faisait face à la blonde, et l’observa attentivement. Un léger sourire était affiché sur les lèvres du pilote, dans une vague tentative de la rassurer. Il lui laissa le temps d’observer autour d’elle avant de prendre la parole.
_ « Rassures-toi. Il ne t’ait rien arrivé, et la bosse derrière le crâne finira par disparaître. Tu es chez moi pour le moment et les attaches… On va dire que c’est par prévention après la scène à laquelle je viens d’assister. »
Kilian parlait d’un ton doux et rassurant, mais sa méfiance était nettement visible dans ses traits. Il se demandait d’une certaine manière quelle Alma allait lui répondre. La personne connue sur Yavin IV ou la personne ayant pris le dessus dans le cockpit à la Watchtower. Ses yeux ne quittaient pas les traits de la blonde, attendant une réponse ou une réaction. Bien qu’il préférait vider son sac avant de la laisser parler. Il sentait que ce serait mieux ainsi. Après quelques secondes de silence, il reprit simplement.
_ « Comme tu t’en doutes, t’es banni de la Watchtower ma chère. » Il sourit à nouveau et soupira longuement avant de continuer. « Bon et si tu m’expliquais ce qu’il s’est passé. Je ne parle pas de ta dispute avec Icarus, mais plutôt de cette étrange personne qui se trouvait à ta place sur le moment. Aucun jugement juste l’envie de savoir. Et sois franche. Je n’ai peut-être pas beaucoup de don, mais je sais quand on me ment »
Ce n’était pas totalement faux. Kilian avait toujours su comment identifier ceux qui n’étaient pas francs avec lui. Cela pouvait relever du mensonge comme de la dissimulation. Son regard observait Alma avec insistance en attendant ses explications au sujet de l’altercation. Ronas aurait probablement choisi une autre approche, mais il devait aussi prendre ses propres décisions.
Alura Visiris
Jedi
Age : 25 ans Messages : 661 Occupation : Padawan Jedi Localisation : Coruscant Race : Humain
Une douleur à l'arrière du crâne me fait tirer une grimace dès la prise de contact avec la souffrance exercée par la blessure. Je peux sentir ma tête plus lourde qu'elle peut le paraître habituellement, en plus d'observer l'environnement être étrangement en mouvement. J'ai clairement la tête qui tourne, en plus d'avoir l'impression que des bruits sourds raisonnent à l'intérieur de ma boîte crânienne. Je respire aussi aisément qu'un homme tentant d'émerger de l'eau sans parvenir à y réussir. Je me réveillais donc dans un lieu qui m'était totalement inconnu, je posais les pieds ici probablement, voire sans aucun doute, pour la première fois. J'inspire profondément comme pour tenter de contenir une douleur qui tend à ne pas vouloir cesser d'être. La frustration habite présentement mon cœur, laissant un filet colère se tendre en moi sans pour autant m'encombrer comme à son habitude. Assise, ou plutôt bloquée sur ma chaise, je tente par réflexe d'enlever les liens qui me retiennent dans des mouvements agités, évidemment sans succès, me fatiguant plus qu'autre chose dans le geste. Cette situation m'en rappelle une autre, l'époque où je marchais encore au côté de mère. Je me souviens qu'à ma place, c'était un Visiris qui, d'après Mère avait le sang corrompu parce qu'il était métis, devait répondre de son crime... Le crime d'être venu au monde avec le sang souillé. Mère m'avait demandé d'être son bourreau, même avant ça, sa tortionnaire pour faire durer le plaisir de me voir telle qu'elle désirait me voir. Alors, et parce que je n'étais rien et que je n'avais aucun mot à dire, j'ai exécuté ce qu'on attendait de moi. J'ai torturé mon propre cousin avant de lui ôter la vie aussi lentement que la séance de torture. Peut-être, est-ce ici un juste retour des choses que je me retrouve sur cette chaise à mon tour ?
Soudain, voilà que l'hôte des lieux vint s'installer en face de moi sur une autre chaise, souriant. C'était Kilian, de toute évidence nous devions être chez lui. C'est fort probable qu'il m'a assommé pour m'emmener à la suite dans son domicile. Je me contente de l'observer sans pour autant dire quoi que ce soit, attendant plutôt une réplique, un monologue ou une tirade de sa part. J'ai beau avoir pris un coup à la tête, je n'en ai pas oublié pour autant mon conflit avec Icarus. Kilian se met donc à parler, tentant de me rassurer dans un premier lieu, bien qu'au fond je ne suis pas ou plus inquiète de ce qui pourrait m'arriver. Très sincèrement, je ne tiens même plus à me questionner sur ma vie ou mon avenir. Je ne pouvais pas en vouloir Kilian de veiller à ce que cela ne dégénère pas davantage, je me serais aussi attachée si j'étais à sa place. Toutefois, je reste silencieuse, me contentant toujours de l'observer d'un regard vide, n'exprimant rien. Il choisit soigneusement ses mots, du moins c'est l'impression qu'il me donne, et ils sont accompagnés d'un ton qui se veut rassurant et amical. Il poursuit en m'annonçant que j'étais bannie de la Station des contrebandier, j'avoue ne pas être sensible à cette annonce, d'où ma non-réaction. Puis, voilà qu'il me pose enfin la question qui semblait lui brûler les lèvres... Mes yeux fixent les siens un moment, avant de porter mon attention sur autre chose sans dire mot. Je me demande intérieurement si c'est nécessaire d'entretenir cette éventuelle conversation avec lui, puisque quoi que je dise, ça ne sera probablement pas en ma faveur. « Pourquoi en parler ? Ce qui a été fait, est fait. » Dis-je, tandis que mon regard était posé sur un objet, comme si l'objet lui-même avait plus d'intérêt que Kilian.
