Mes mains s’étaient crispées sur le bord froid de l’évier alors que je faisais face à cette porte qui semblait mettre une éternité à s’ouvrir. Lorsqu’il sera en face de moi je saurai. Je saurai quoi faire, quoi penser. Son regard me détailla et je me sentais incapable d’effectuer le moindre mouvement. Il s’avança lentement vers moi. Je sentais ma respiration s’accélérer proportionnellement alors qu’il était de plus en plus près. Mon cœur avait trébuché lorsque je vis son visage. Plus rien ne semblait le retenir comparé à ne serait-ce qu’une heure auparavant. Avait-il déjà stoppé notre manège ? Ou au contraire s’enfonçait-il dedans encore plus profondément que moi ? Je ne lui laissais pas le temps de la réflexion, ni à lui, ni à moi d’ailleurs. Je le repoussais vivement à l’extérieur de la pièce la refermant sur lui, maintenant la poignée fermement dans la paume de ma main.  Trop de questions, beaucoup trop. Elles arrivaient si vite et en si grand nombre. Du silence, j’avais besoin de silence…  Sa voix, elle vint comme une réponse, comme si c’était de cette phrase-là dont j’avais besoin. Qu’il avait dit la formule magique qi résolvait chacun de mes problèmes. Pas qu’un jeu, pas qu’un test. Mais alors quoi ? Plus ? C’est-à-dire ? J’allais le découvrir par moi-même. Je rouvris la porte, fonçant sur lui pour me suspendre à ses lèvres avec toute la fougue que je pouvais y mettre. Il y répondit et ses mains sur mon corps ne me firent frissonner qu’encore plus fort. Ses mains étaient douces, chaudes, sûres.  Son regard s’implanta dans le miens alors que je décidais de rompre note baiser, il était sincère, je n’y lisais plus aucune marque de défis, de malice ou de jeu. Je n’y lisais qu’un désir ardent, ou était-ce le reflet de mon regard dans le siens car je me sentais brûler de la même envie à cet instant même.

« Il ne peut y avoir que des gagnants à partir de maintenant… »

Ses lèvres se posèrent de nouveau sur les miennes, se faisant plus tempérées, plus tendres. J’avais cette sensation que toutes les questions que je me posais s’étaient toutes envolées, il n’y avait plus rien. Plus rien mis à part l’envie. L’envie de lui, tant physique que morale, j’avais envie de l’apprendre, de le savoir. Ses mains sur mes fesses alors qu’il ne me reste que mon sous-vêtement m’enivrent totalement et je me permet déjà de faire glisser mes mains sur son torse, sous son t-shirt. Me retrouvant alors sur la table, mes jambes encerclaient sa taille alors que ses lèvres descendaient le long de mon cou je m’autorisais à céder complètement, m’abandonnant à lui toute entière. Cédant à toutes ces pulsions qui se libéraient d’un seul coup, je sentais notre échange devenir de  plus en plus passionné.

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Les yeux rivés sur le plafond je reprenais calmement mon souffle. Je tournais la tête la posant sur le torse encore chaud du contrebandier. Tout avait été si intense que je n’avais pas eu la sensation de maîtriser les choses, j’avais sentis que toute cette retenue, cette tension que nous avion engrangé s’était libéré dans sa forme la plus pure et la plus violente… A en juger par l’état du mobilier de la pièce. Il avait su exactement quoi faire pour me faire perdre l’esprit. Ce moment que nous venions passer tous les deux scellait quelque chose. La fin du jeu, de la lutte. C’était notre armistice. La meilleure des tentations est d’y céder. Il est ma tentation, ma plus grande et  céder n’avait pas été chose simple, trop de peurs, mais il avait su regarder au travers des apparences et il avait réussi à me faire céder complètement. Il avait fait sauter chacun de mes verrous un à un et aujourd’hui je ne voulais plus mettre ce masque lorsqu’il était là. C sera dur, mais j’apprendrais à être moi-même quand je serai avec lui… Si jamais j’avais bien interprété sa phrase tout à l’heure. Je me laissais glisser pour m’allonger de tout mon long sur lui passant un rapide coup d’œil autour de moi, le rouge me monta aux joues.

« Hum… Tu crois qu’il va remarquer la différence ? »

Je tendis le bras pour attraper mon top et mon sous-vêtement, avant de me relever je déposais un baiser sur les lèvres de Kilian, j’y avais pris tellement goût. Je m'étais délectée de chaque partie de son corps, comme si je répondais à un besoin trop longtemps ignoré. Je pourrais presque en redessiner chaque courbe. J’enfilais donc mes vêtements avant d’aller récupérer mon tout nouveau short dans la salle de bain et de l’enfiler.

« Hum… Je crois qu’il va falloir que je refasse mon bandage du coup… Il n’a pas tenu le choc le pauvre… Un peu comme la table…et les casiers… et la chaise… et l’évier…»

Je souriais étouffant un rire, il est vrai que nous y étions allez peut-être un peu fort mais lâcher de bombes nucléaire et espérer ne pas avoir de dommages collatéraux c’est une douce utopie. Je défaisais la bande complètement défaite qui entourait ma jambe avant de poser ma main contre l’embrasure de la porte et de détailler Kilian. Un frisson me parcouru en repensant à ce que nous venions de vivre. Cela avait été très intense et le plaisir que j’en avais tiré n’en était que plus fort. Je me plaisais à le regarder ainsi, alors qu’avant j’en aurais détourné les yeux, maintenant je le soutenais sans problème. J’avais encore moins envie que le voyage ne s’arrête. Je m’avançais vers lui, m’épaulant au mur je croisais les bras sur ma poitrine.

« Dis-moi qu’il nous reste encore un peu de temps… »

Je n’avais pas envie de voir les au-revoir arriver, je ne voulais devoir rentrer, faire mon rapport et aller me coucher comme un bon petit soldat. J’avais juste envie d’arrêter le temps, ou d’au moins le ralentir. Mais du temps nous en avions déjà volé suffisamment. Nous avions eu ces très longues minutes rien que pour nous. Mais mon cœur se serra déjà quelque peu, je n’avais aucune garantie que je le reverrais rapidement, ou tout court. J’enroulais alors de nouveau la bande autour de ma cuisse, bien serrée, afin qu’elle maintienne correctement le pansement qui lui, avait tenu le choc. Je finis par m’adosser complètement au mur en regardant l’état lamentable de cette salle commune, un sourire aux lèvres. J’espérais pour lui qu’il n’y avait pas de caution… Quoi que pour une poubelle pareille, ça m’étonnerait fort.

Tout avait été si vote, si fort, il y avait maintenant longtemps que je n’avais vibré de la sorte. Je me suis totalement abandonnée à lui, à ce tourbillon d’émotions qui m’a totalement emportée. Céder à cette tentation avait eu un goût si exquis. Ne plus rien contrôler, se laisser envahir progressivement, de plus en plus fort. Je regardais son visage comme pour ne pas oublier une seule seconde de ce moment que l’on venait de partager. Blottie contre lui je continuais de profiter de ce moment qui n’appartenait qu’à nous, oubliant le monde qui nous entourait, seuls, perdus au milieu de la galaxie. Son bras caressant mon épaule j’en venais à souhaiter que ce fichu vaisseau tombe en panne. C’est toujours quand on a besoin que pour une fois ça fasse des siennes que tout fonctionne à merveille. Au-dessus de lui j’en profitais pour prolonger encore un peu notre étreinte, tout avait été si… parfait. Je lisais dans ses yeux cette petite flamme de malice qui me fit sourire instantanément alors qu’avant elle m’aurait surement pétrifiée. Déposant un dernier baiser sur ses lèvres je me levais afin de récupérer mes affaires et de me rhabiller. Je sentais son regard sur moi, tentant de masquer les rougeurs sur mes joues je me glissais dans la pièce adjacente. J’étouffais un rire, oui au moins chaque partie du vaisseau ressemblait à un champ de bataille. Peut-être y étions nous allez un peu fort, mais je n’avais strictement aucun regret.

Je ressortis de la pièce en lui faisant une petite liste non exhaustive du matériel que l’on avait si soigneusement dégradé. Je suivais son regard un sourire aux lèvres. Lorsqu’il prit la parole et alors que je le détaillais encore avant qu’il n’enfile ses vêtements, je levais un sourcil en croisant les bras. Hum, pas eu l’impression d’avoir été si bestial que ça ? Vraiment ? Lorsqu’il se découvrit quelque bleu je lâchais un rire léger, moi qui le pensais incassable…  Ses bras se glissèrent autour de moi alors qu’il m’embrassait de nouveau. J’avais l’impression de flotter, d’être tout simplement bien. Je détachais mes lèvres des siennes en souriant avant de prendre la parole à mon tour.

« Tu t’inquiètes plus de savoir si c’est le vaisseau qui va tenir le choc ou toi plutôt ? »

Je le fixais, le regard joueur. Cette proximité avec lui me faisait du bien à présent alors qu’il y a une heure à peine elle me donnait le vertige, surement qu’inconsciemment je n’attendais que ça, que l’on baisse les armes, qu’on mette nos égos de côté et qu’on s’abandonne. Je vivais l’instant présent comme une réelle bouffée d’oxygène. Lorsque sa main passa derrière mon oreille pour me remettre correctement une mèche de mes cheveux, mes yeux se fermèrent presque automatiquement, ne pouvant qu’apprécier ce geste tendre.

« Il y a tout intérêt… Toute façon tu ne tiendrais pas… » Je me mordais la lèvre inférieur pour ne pas rire alors que mes mains caressaient sa nuque. « Tu prendrais le risque que l’on se perde… toi et moi… en panne sèche au beau milieu de nulle part ? » J’approchais mon visage du sien, mordillant doucement sa lèvre inférieur. « Cependant… l’idée est très, très, très tentante… »

A chaque fois que nous nous unissions dans un baiser j’avais cette sensation d’être électrisée toute entière, de le ressentir sur chaque parcelle de ma peau. J’espérais réellement voir ce moment durer encore et encore, qu’il ne s’arrête jamais même si je savais très bien que ça ne pourrait pas se réaliser. J’étais bien décidée à continuer de profiter de lui, de sa chaleur, de ses mains, de ses lèvres, de son corps, de sa voix. Je ne voulais pas penser à demain, à l’après, surement par peur de le voir me dire qu’il ne s’agissait que d’un moment d’égarement. Car j’espérais au fond de moi qu’il ne voyait pas en moi qu’une distraction de vol, ou une opportunité à saisir sur l’instant uniquement. Etrangement je me prenais à souhaiter plus. L’enchainement des choses avait été si violent, mais tellement plaisant que j’en redemanderais volontiers autant que faire se peut. Je plongeais mon regard dans le sien avant de lui demander d’une voix plus calme.

« Alors, tu n’as  pas peur de ce que je pourrais découvrir de toi ? »

Un sous-entendu dissimulé par le souvenir d’une phrase prononcée quelque peu auparavant. Je retins un frisson lorsque sa main glissa jusqu’à ma jambe. Je jetais un œil sur le bandage que je venais de resserrer, un sourire aux lèvres. Monsieur me faisait des excuses maintenant ? Eh bien, décidément il n’arrêtera pas de me surprendre et je n’avais pas envie qu’il arrête de le faire.

« M’enfin t’excuse pas, je l’ai bien cherché aussi à ce moment-là. Ça tiraille un peu mais rien d’insupportable pour le moment t’en fais pas. Il m’en faut bien plus que ça pour que je dise que j’ai mal. » Je fis une pause, le regardant du coin de l’œil. « Je trouverais juste un moyen de te faire payer comme il se doit c’est tout. » Je saisi l’encolure de son t-shirt rapprochant visage du miens tout en me collant à lui. Je ne voulais plus me priver de ce contact, je comptais même en user et en abuser. Je glisse mon autre main dans ses cheveux  et l’embrasse langoureusement avant de reculer de quelques centimètres mon visage. « Je ne sais pas encore comment mais ne t’en fais pas, ça viendra. »

Jamais je n’aurais pensé ce matin en me levant vivre tant de choses aussi riches en émotions que ce que j’ai vécu aujourd’hui, si jamais j’avais pensé retomber un jour sur Kilian… Je pense que je me serais juré de lui couper la langue… Grossière erreur. Il m’avait fait passer par une jolie palette de couleurs aujourd’hui, me faisant emprunter ce fameux ascenseur émotionnel. Si c’était avec lui je le reprendrais autant de fis qu’il le souhaitera. Je le collais dos au mur, appuyant mes avant-bras sur son torse en plantant mon regard dans le sien.

« J’aimerai en savoir d’avantage sur toi. Tu m’as bien dis ne pas avoir peur de que je pourrais découvrir alors… Je t’écoute… Qu’est ce qui fait d’un homme comme toi un contrebandier remarquable depuis… Depuis quand, au fait ? »

Je veux l’écouter parler, pour ne pas avoir à penser au temps qui défile sans que l’on ne puisse rien y faire, pour apprendre à connaître cet homme qui a su percer une entrée dans ma carapace, et juste aussi pour l’entendre.

C’est étrange cette sensation de ne se sentir en sécurité que dans les bras de la personne dont vous ne souhaitiez plus entendre parler il y a quelques heures encore. Je baissais les armes, je me rendais, hissant bien haut le drapeau blanc du lâché prise. Certains diront que je suis lâche, irresponsable moi aussi, complètement folle alliée de me jeter dans la gueule du loup. Je ne pouvais plus lutter d’avantage, parfois le cœur arrive à prendre le dessus sur la raison et vous force à faire le pas de plus, celui qu’il fallait pour vous aider à avancer. Cette sorte de gros coup de pied aux fesses qui vous dit "Bon maintenant tu bouges ! Ça suffit de te poser trente-six milles questions et advienne que pourra !" Ma tête est au bord de l’implosion et mon cœur à deux doigts de sortir de ma poitrine. Ça brûle, ça soulage. J’en oublierais presque ma blessure à la jambe. Je gouttais à ce fruit défendu. Sentir ses lèvres sur les miennes, mes mains effleurant sa nuque et sa joue, mon corps étroitement collé au sien. Sentir sa chaleur, sa douceur, son odeur, il semblerait que j’ai perdu toute possibilité de raisonner correctement. Je sais que c’est dangereux, je sais que c’est mal, que d’un instant à l’autre tout peut s’arrêter et me ramener brutalement à la réalité des choses en arrivant sur Coruscant. Mais je me plais à faire durer cet instant dans les bras de l’homme que je détestais plus que tout au monde quelques heures auparavant. J’avais espéré qu’il vienne freiner calmement mes ardeurs à son égard ou qu’il me repousse violemment. Mais il fallait qu’il vienne réguler notre situation et rétablisse l’ordre établi. Celui qui doit en être. Parce que je savais que je ne pourrais lutter contre le courant qui menaçait de nous emporter et qui s’annonçait dévastateur. Mais rien, rien à part ses lèvres contre les miennes, ses mains sur mon corps et nos pulsions lâchées, libres, puissantes. Un moment de pure connexion qui nous avait fait perdre l’esprit et le corps. Là, contre lui, après avoir repris nos souffles et nos consciences, je ne voulais plus que s’achève ce moment.

« Et bien… Si j’ai ton accord alors je pars à la quête de tes secrets, toi seul sais ce que je vais finir par découvrir. »

Mes mains rencontrent ses reins et l’attirent à moi, frénétique, de ses lèvres contre les miennes, de ce baiser que l’on échange et qui décime toutes mes barrières durement érigées. Impossible de cogiter, mes actions ne sont plus que l’expression profonde de mes pulsions qu’envers lui je n’ai jamais cessé d’entretenir à travers ces provocations en tout genre, faisant régner une tension parfois,  à la limite de l’insoutenable. Je le laissais se détacher quelque peu de moi avant qu’il ne prenne la parole. Je lui souris avec un regard brillant.

« Contrairement à ce que tu peux croire je peux aussi me montrer très douce… Donc une bonne infirmière aussi… Ça peut toujours être intéressant, d’une certaine façon. »

Ma tête levée vers la sienne, mes bras collés le long de son torse je me montrais déjà plus douce, plus encline au dialogue. Je voulais en savoir plus, apprendre à connaître les raisons qui me pousse irrémédiablement vers lui, il devait bien en avoir au moins une, au moins. Je me contentais d’abord de sourire, bien, ce sera donnant donnant alors dans ce cas. Son regard me détailla et j’apprenais à apprécier le fait qu’il le pose sur moi sans me sentir agressée. Etrangement toutes les choses qui m’irritaient avant semblaient devenir agréables maintenant. Je l’écoutais parler, presque religieusement, il est vrai que j’avais sentis sous mes doigts, ces cicatrices symbole d’un passé mouvementé et surement compliqué. Je me contentais de lui signifier la chose d’un hochement de tête, ne voulant l’interrompre. Il a donc été amnésique ? Je me souviens avoir souhaité le devenir en retournant sur Corellia, de perdre la mémoire, afin de ne plus ressentir et me souvenir de tout ce qui me faisait du mal et me torturait, pouvoir mener une vie simple sans me poser de questions… Aujourd’hui en lisant sur le visage Kilian je me rendais compte qu’oublier qui on était semblait être plus douloureux encore.

« Et bien disons que je l’interprète un peu comme étant une chance, quelque part. Aurais-je finis par croiser ta route autrement ? »

Ses yeux se posèrent de nouveau sur moi et alors qu’il m’attirait à lui pour de nouveau m’embrasser je fermais les miens. Passant mes bras autours de son cou je voulais tout sentir, tout apprendre, même la sensation de son souffle sur mon visage. Ce virage si brusque que nous avions pris semblait apaiser mes tourments intérieurs le concernant. Je ne ressentais plus cette colère, cette exaspération et cette envie de lui coller mon poing dans la figure. J’avais des envies à l’exact opposé maintenant et je me plaisais à croire qu’il en allait de même pour lui. Je détachais mes lèvres des siennes et il se remit à parler. J’allais lui reposer une question lorsqu’il me coupa, je levais un sourcil faussement vexée.

« Fort bien, à mon tour donc. » Je laissais glisser mes mains sur ton torse avant de reprendre. « La Résistance ça remonte à loin. Ça me vient de mes parents. J’ai toujours cru qu’ils étaient marchands et que c’était pour cela qu’ils partaient souvent et longtemps. Ce n’est que vers quoi… mes dix ans que j’ai appris ce qu’ils faisaient vraiment. Dès lors j’ai tout fait pour qu’ils m’emmènent avec eux et finalement j’ai fini par passer treize ans de ma vie là-bas. Mes parents m’ont tout appris, le maniement des armes, le pilotage… J’ai grandi en même temps que d’autres parfois un peu lus âgés que moi, c’est vraiment là que j’ai senti que j’avais trouvé ma place. Une famille, des valeurs, une raison de vivre et de se battre pour améliorer la vie de chacun et espérer pouvoir vivre enfin dans un monde en paix. » Je marquais une pause, un sourire nostalgique aux lèvres alors que je fixais le mur à ma hauteur. « Ouais… Les treize plus belles années de ma vie... Oh ce n’est pas de tout repos, pas forcément la vie la plus sûre, la plus stable et la plus respectable mais au moins ça me faisait me sentir vivante, je me sentais vibrer et avoir une vraie bonne raison de me lever chaque matin ! C’pour ça que j’y suis retournée y’a quoi… allez… un peu plus de six mois maintenant. » Je souriais franchement en remontant mes yeux vers lui. « Bon c’est tout pour moi pour l’instant, revenons à toi. Je voudrais bien en savoir plus sur qui était le petit Kilian, d’où il vient, quels était ses rêves ? »

Jamais je n’avais pu croire qu’un jour je pourrais mettre carte sur table avec ce contrebandier, avoir cette proximité totalement volontairement, aller jusqu’à espérer tomber en panne et ne pas pouvoir rentrer immédiatement, prolonger cet instant qui me gargarise totalement, profiter de sa chaleur, de sa voix, de ses regards, de ses sourires, de son corps… de lui. Encore.

Inattendue ou inespérée, voilà comment on pourrait décrire la situation dans laquelle nous nous trouvions actuellement. Il avait su me désamorcer, passer sous ma garde pour m’approcher d’encore plus près, il a allumé un brasier en moi libérant des émotions que je ne pus contrôler. Tout ça juste en m’effleurant du bout de ses doigts, en s’approchant si près, en utilisant les mots qui ont fait mouche. Toutes ces choses qu’il avait déclenché en moi, un peu malgré lui, j’avais eu la sensation de les avoir déclenchées chez lui aussi, nous laissant totalement désorientés, n’ayant que pour seul repère l’autre. Alors c’est ce qu’on a fait, on s’est étreints, si fort, si passionnément, sans retenue et parfois même avec violence. Il ne pouvait en être qu’ainsi de toute manière. Avec toute cette tension que nous avions emmagasiné, tous ces gestes et paroles retenues, il fallait tout libérer et nous l’avions fait de la meilleure façon qu’il soit. Maintenant je n’arrivais plus à vouloir autre chose, je ne voulais plus rien d’autre à part lui, me prenant à espérer que lui aussi. C’est ironique la vie parfois, elle vous pousse dans les bras de la dernière personne que vous espériez et vous découvrez qu’elle avait raison.

Tout avait changé, en mieux. A présent nous avions l’intention de nous livrer, peut-être avec quelques retenues, encore un peu pudiques, après tout c’est normal, c’était si… rapide. Nous allions devoir nous apprivoiser, apprendre à nous connaitre, à nous savoir. Même si l’envie grondait à l’intérieur de nous il allait falloir nous montrer patients, ne pas trop exiger de l’autre ni de nous-même. J’aimais cette proximité maintenant alors que je ne pouvais la soutenir avant, et là contre lui j’écoutais, attentive et curieuse. Il avait semblé l’être tout autant lorsque je pris la parole, m’enserrant un peu plus lorsqu’un sourire nostalgique s’installa sur mon visage. Le bon geste au bon moment, rassurant. Il semblait apprendre à lire en moi plus rapidement que je n’y arrivais pour lui. Tout ceci me semblait trop parfait, il semblait être exactement celui dont j’avais besoin, sur tous les plans, au-delà de l’attirance magnétique que j’avais pour lui. Je terminais ma réponse sur pourquoi j’avais rejoint la Résistance, un sourire aux lèvres qu’il me rendit également. C’était à son tour de répondre à une de mes questions, je le laissais réfléchir, impatiente d’entendre ce qu’il allait bien pouvoir me révéler sur le petit Kilian.  J'étais horriblement bien là, contre lui à l'écouter parler, il aurait pus me sortir tout le détail du notice de montage de meuble que j'aurai pris plaisir à l'écouter. Mon sourire s’élargie de plus en plus au fil de ses paroles.

« Et bien je comprends maintenant comment tu fais pour réussir à me tenir tête comme tu le fais. C’est que t’as un sacré entraînement dis donc. Ce serait presque de la triche ! » Mon sourire s’effaça un peu voyant qu’il semblait hésiter « Tu sais, si y’a des trucs pour lesquels tu préfères attendre avant de m’en parler… Je comprends hein. »

Je posais ma main sur sa joue et il recommença à prendre la parole.  Il semblait hésiter à chacun de ses mots. J’allais lui dire de laisser tomber mais il continua. Je me sentais très troublée du fait qu’il fasse ce genre de concessions pour moi, pour me laisser l’approcher, le connaître. Je pris ça comme une volonté de continuer, au moins un peu, ensemble. Mais ce petit plaisir ne fut que fugace. Je me détachais un peu de lui croisant les bras sur ma poitrine en le fixant.

« Hey on avait dit qu’on le faisait sérieusement ! Pourquoi t’es toujours obligé de tout tourner à la rigolade au bout d’un moment ? T’es vraiment idiot parfois ! »

Je le fixais quelque peu blessée par sa réaction. Pourquoi fallait-il toujours qu’il finisse par se moquer de moi. Je serrais la mâchoire en fixant le sol, les bras toujours croisés. Lui un Jedi ? Sérieusement ? Moi qui pensais qu’il s’était montré sincère avec moi, tout ça n’était peut-être qu’une erreur après tout. J’avais joué le jeu moi, alors pourquoi ne pouvait-il pas se contenter d’en faire autant. Je relevais les yeux vers lui m’apprêtant à voir un sourire malicieux au coin de ses lèvres, mais rien, juste un air très sérieux que je pouvais lire dans son regard. J’eu soudain une sueur froide et mon cœur loupa un battement.

« Attends… Ce n’était pas une blague ? Tu… Tu es vraiment… Ohhhhh…»

Il reprit la parole terminant de me confirmer ses dires. J’avais la sensation de sentir mon sang se glacer. Je commençais à reculer lentement en fermant les yeux

« Attends… Je crois qu’il faut que je m’assoie un peu là… Surtout… ne bouge pas… reste là… »

Je m’installais sur la banquette aux côtés des vestiges de feu la table. Je levais les yeux vers lui, il était horriblement sérieux. Des tas de questions m’assaillaient déjà l’esprit. S’il était un Jedi… Pourquoi avoir fait ce boulot de contrebandier ? Est-ce qu’il était vraiment contrebandier ou Jedi ? Ou les deux ? Ou aucun ? Ou je ne sais pas moi. L’Ordre des Jedi m’avait déjà enlevé Jerick et Jayden… Maintenant Kilian aussi ? Jamais deux sans trois. Je comprenais mieux cependant ses cicatrices. Je n’arrivais pas encore à parler, par où commencer… Mais s’il était Jedi cela expliquerait alors beaucoup de choses. Comment il avait fait pour faire partir si facilement les impériaux tout à l’heure, comment il avait fait pour mettre le doigt et les mots sur ce que je ressentais au fond de moi, sur ce sentiment d’abandon sur lequel il avait bien mit l’accent. Moi qui pensais que c’est parce qu’il me comprenait… Je ramenais mes bras contre moi en regardant à ses pieds. En fait il avait surement usé de ce truc de Jedi que Jayden avait déjà utilisé sur moi et que je déteste tant. Tu te sens si vulnérable dans ces cas-là, de savoir que n’importe quand il peut entrer en toi et tout savoir. Pourquoi il avait utilisé ce pouvoir sur moi ? Juste pour me foutre à poil et pouvoir profiter ? Je me sentais mal à l’aise et plus je me posais de questions moins j’y voyais clair. Je gardais la mâchoire serrée et mes bras contre moi. Il compte y retourner aussi ? Il y a donc bien d’autres Jedi qui ont survécus, c’est une bonne nouvelle certes, mais balayée par une autre question qui finit par devenir une certitude. Je ne suis alors que de passage, une étape, une distraction de vol. Car tout le monde sait que les Jedi se doivent de garder le célibat et s’abstenir de toute relation qu’elle soit platonique ou charnelle. Je relevais les yeux vers lui ne sachant pas quelle émotion me dominait le plus, la déception, la colère ou la honte.

« Je… Tu… »  J’inspirais profondément avant de reprendre. « Je sais pas par où commencer… J’ai… tellement de questions… Je suis un peu perdue là…» Je lui fis cependant signe de ne pas m’approcher. « Tu es Jedi ou contrebandier ? » Je parlais calmement même si c’était tout le contraire de ce que je voulais faire.  Je lui laissais le temps de me répondre à cette question avant de le couper et de reprendre.« Je comprends mieux maintenant… Comment tu faisais… » Je baissais les yeux regardant l’état de la pièce. « Pour mettre le doigt exactement là où il fallait, savoir ce que je ressentais, mes craintes et savoir me rassurer à leurs sujets…Savoir quels mots justes utiliser pour finalement obtenir ce que tu voulais de moi… J’aurais dû m’en apercevoir… on a déjà "lu" en moi donc j’aurais dû reconnaître les signes, comprendre que tu faisais ça trop facilement… Bien joué… Par contre je ne croyais pas que c’était dans la mentalité des Jedi ce genre de choses. » Je relevais les yeux vers lui « Ni même de s’adonner à certaines… pratiques… Tu voulais une dernière partie de jambes en l’air avant de rempiler et de devoir te contenter de ta main droite tout le reste de ta vie ? » Je pris un ton un peu plus ironique « Ah mais oui mais non… Attends je viens de comprendre en fait ! C’est pour ça que t’as la double casquette et que t’as choisi d’être aussi contrebandier. C’est vrai que ça aide. D’utiliser les valeurs et les morales de l’un quand celles de l’autre ne suivent pas. » Je me levais et pris la direction de la sortie de la pièce. « Maintenant que tu as eu ce que tu voulais de moi tu peux clairement m’oublier… De toute façon c’est bien ce que tu comptais faire non ? » Je restais dos à lui, posant ma main sur le chambranle de la porte. « Hin… C’était beau ton histoire de ne pas attendre deux mois pour se revoir… Le pire c’est que moi… tes belles paroles j’y croyais… T’as réussi là où d’autres se sont fracassés… Maintenant ne me demande plus pourquoi je reste close à quiconque…Ceci en est un exemple…»

Je me sentais mal, terriblement. Je me glissais dans la pénombre du couloir pour ne plus avoir à soutenir son regard. Je m’étais faite avoir, comme une ado. Je n’avais plus qu’une seule envie maintenant : que le voyage prenne fin et qu’on atterrissent sur Coruscant au plus vite.

Toute cette tension retombée, évacuée de la manière la plus approprié, pour ne faire place qu’à une douceur et une complicité que je ne pensais pas pouvoir un jour développer avec lui. Un climat agréable, apaisé, propice à la découverte, celle de l’autre. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas ressentie cette sensation de calme et j’irai même jusqu’à dire de bonheur. Là dans ses bras, la galaxie pourrait bien s’effondrer que je n’aurai pas peur. Etrangement il me faisait du bien et me retrouver si proche de lui, dans ce moment de tendresse me laissais entrevoir des possibilités pour peut-être développer quelque chose avec le temps. Pour le moment nous nous livrions l’un à l’autre, avançant à tâtons, rien ne pourrais venir gâcher cet instant.  Mais ça n’allait pas durer.

J’ai d’abord cru à une blague et lui ai fait clairement comprendre. Seulement je remarquais, à son sourire un peu triste qu’il ne s’agissait que de la vérité. J’avais la sensation de me prendre un uppercut en pleine poitrine. Tout s’effondrait encore plus rapidement que ce qui s’était créé. Un peu hagarde je m’installais sur la banquette à quelques mètres de lui, me retrouvant ainsi privée de sa proximité, celle qui m’apaisait et me faisait me sentir si bien. Je comprenais maintenant la cause de ses hésitations, il y avait effectivement de quoi. Avouer à quelqu’un qu’on se fiche de lui ce n’est pas forcément la chose la plus simple à faire. Première question un sourire s’afficha sur son visage avant de se dissiper tout aussi vite à la suite de mes paroles. Je le voyais secouer la tête, il ne semblait pas être d’accord avec mes propos, il pouvait bien appeler ça d’une manière différente, il s’avère que le résultat est le même. Il ne m’interrompait pas, me laissant déblatérer tout ce que je devais, il ne bougeait pas non plus, respectant alors le souhait que j’avais émis un peu plus tôt. Quand je disais que c’était trop beau pour être vrai. Il arrivait trop bien à me comprendre sans que j’ai besoin de parler, il arrivait à savoir le fond de ma pensée, quels mots feraient mouche. L’art et la manière de se faire avoir en beauté. J’étais tombée dans le panneau directement, bien comme il faut. Lui avouant une de mes peurs les plus honteuses, surement l’une des plus douloureuses.  Il avait tourné autours comme un rapace, décrivant d’abord de grands cercles, puis, de plus en plus étroits, jusqu’à fondre sur moi une fois que j’vais les genoux à terre.

Je me levais alors et commença à m’enfoncer dans la pénombre du couloir, je l’entendis alors venir à ma suite, il resta néanmoins dans la salle, dos à lui je fermais les yeux. Je me sentais trahie quelque part et je m’en voulais plus à moi-même qu’à lui finalement. J’avais été trop crédule, finalement il l’avait bien dit lui-même. Il m’avait donné ce gout de lui, cette nécessitée de l’entendre, de le sentir. Et maintenant il allait falloir que je m’en défasse je ne sais encore comment. J’étais écœurée. J’avais l’impression d’avoir été trahie, abusée. Ne jamais faire confiance à un contrebandier, m’avait-on dit. Ils n’agissent que pour leurs propres intérêts, toujours dans un but précis, jamais rien n’est gratuit avec eux. Je venais de l’apprendre à mes dépends, je crois que c’est d’autant plus dangereux s’ils sont aussi des Jedi à temps partiels ? Je serrais les dents, sentant la douleur dans ma jambe qui commençait à se réveiller. C’est bien le moment tiens. Je n’avais envie que d’une chose, que le temps passe plus vite cette fois-ci, afin de mettre pieds à terre sur Coruscant et de partir en souhaitant ne jamais recroiser sa route.

J’écoutais cependant ce qu’il avait à me dire. Son ton était ferme mais je pouvais y sentir une pointe de tristesse et d’amertume qui m’éreinta le cœur. Pourquoi est-ce que ça m’importait encore de sentir que j’avais pu le blesser ? Je fermais les yeux en baissant la tête, appuyant mon avant-bras contre le mur. Ses paroles me faisaient du bien, me réconfortaient, mais je n’en n’avais pas envie. Il s’avança un peu plus vers moi, lentement. Non Kilian ne te rapproches pas, je perds toute volonté si tu me touches…  Je ne me retournais pas encore, je voulais savoir ce qu’il avait à ajouter avant. Je n’arrivais plus à faire la part des choses correctement, je ne savais plus vers quoi aller. Si je me devais de le croire sur parole, ou si je devais tout renier en bloc…

« Effectivement je ne peux pas vérifier tes paroles… Je n’ai pas tes capacités.  Je ne suis que moi.» Je me retournais vers lui, rivant mes yeux dans les siens. « Mais je peux essayer de te faire confiance en tout cas. » Je me rapprochais de lui, prête à me glisser dans ses bras, sans le faire pourtant. « Mais… T’as dit que… Que tu allais y retourner… Dans l’Ordre je veux dire. Ça veut dire que nous… enfin… On sait tous très bien ce que ça entraîne la vie de Jedi… Toute forme d'attachement vous est interdite… Alors c’était quoi ? Juste une légère entorse à la règle pour une durée limitée ? » Je posais ma main sur son torse. « J’ai besoin de savoir ce que ça entraîne… Si… Si ça s’arrête ici… ou dans le cas contraire… dans quoi je m’embarque… Dans quoi on s’embarque ? »

J’avais fait le choix de lui faire confiance, de croire en ses paroles. Je m’étais surement un peu trop emballée, noircissant le tableau alors qu’il n’avait pas lieu de le faire. Mais je sentais au son de sa voix qu’il était sincère, que contrairement à ce que j’ai pu croire immédiatement, il n’avait pas cherché à abuser de moi sur aucun plan que ce soit. Je posais mon front contre son torse avant de reprendre. Je sentais ma blessure commencer à me lancer de plus en plus. J’avais peut-être un petit peu trop forcé, physiquement parlant, pour espérer que l’injection ne tienne jusqu’à notre arrivé. Tant pis, je ferais avec, je l’avais bien mérité après tout. Ce n’est que le juste retour de bâton.

« Je sais ce que ça implique que de révéler ce genre d’informations et j’ai été idiote pour ne voir que mon nombril et pas le risque que tu prends en me le dévoilant. J’espère que malgré tout… Tu me fais confiance. Je le garderai pour moi… Quoi qu’il advienne… »

Il avait prit un risque énorme, prendre ce genre de décision ne se faisait pas à la légère et pourtant il me l’avait confié. Ma réaction était totalement injuste. Je n’ai pas su me montrer digne de ce secret. Il avait fait un pas vers moi m’accordant sa confiance et moi je lui montrais que je n’en avais pas pour lui.

« J’ai été idiote… Excuse-moi. Je ne voulais pas te blesser. Je pensais que… fin… Pardon… »

Je relevais la tête vers lui, s’excuser après coup c’est facile, j’espérais vraiment qu’il ne m’en tienne pas rigueur même s’il avait de très bonnes raisons de le faire à présent. Je gardais ma main sur lui, ressentant sa chaleur, me retenant de m’enfouir dans ses bras, attendant sa réaction.

Je me sentais mal à l’aise, j’avais réagis de façon disproportionnée à son annonce. J’étais prête une nouvelle fois à me renfermer complètement sur moi-même alors qu’il commençais à faire sauter mes verrous habilement, me mettant en confiance, en m’apprivoisant comme visiblement lui seul arrive à le faire. Je l’avais surement déçu et blessé. Lui qui me témoignait directement une marque de confiance j’avais failli tout gâcher en beauté. Heureusement il était tenace et ne comptait visiblement pas me laisser partir de la sorte sur un malentendu. Malgré la colère, la déception et ce sentiment de dégout que j’avais soudainement ressentie, une voix au fond de moi me hurlait de l’écouter jusqu’au bout. J’avais visiblement bien fait. Je m’étais comportée comme une idiote et pour le coup je ne savais plus où me mettre, si j’avais pu disparaitre au fin fond de la galaxie dans l’instant je l’aurai fait. J’espérais sincèrement que mes excuses seraient acceptées, qu’il arriverait à me comprendre comme il semblait l’avoir fait jusque-là. Je sentis alors sa main se poser sur ma tête, je fermais les yeux instantanément en la sentant avant qu’il ne m’enlace. Je passais mes bras autours de lui, mes mains glissant dans son dos pour agripper son t-shirt. Retrouver son contact me faisait du bien et soulageait une envie que j’avais freinée pour lui laisser le temps de réfléchir. Il reprit alors la parole, d’une voix qui se voulait douce. Je ressentis la douceur de ses lèvres sur mon crâne, c’est lui qui me rassurait alors que normalement cela devrait être l’inverse.

« Oui peut-être, mais... C’était disproportionné. En tous les cas, je voulais te remercier, de la confiance que tu m’accordes. » J’avais relevé la tête vers lui plongeant de nouveau mon regard dans le sien, je serai capable de m’y perdre des heures durant.  «  Ce n’était pas pour me nuire qu’on l’a fait, c’était pour m’aider… Mais la sensation que ça laisse est si… désagréable… si froide… Je n’ai pas spécialement envie de m’y confronter de nouveau. Je préfère dire les choses moi-même en temps et en heure plutôt que l’on parte à la chasse dans mon esprit sans mon accord… Même si l’intention de base peut être louable. »

Je le sentis se décontracter progressivement entre mes doigts, ses muscles se détendaient et son visage semblait plus doux. Je ne voulais plus chercher à le fuir, chercher à accélérer le temps, de toute manière fuir pour aller où ? Il faisait noir quasiment partout et il connaissait le vaisseau mieux que moi alors à quoi bon ? On avait failli passer à deux doigts de la catastrophe… Je me devais de lui faire comprendre que ça ne recommencerait plus, que j’avais commis une erreur que je ne commettrais plus. Il m’avait ouvert une fenêtre sur qui il était, me confiant qu’il ne le faisait pas pour tout le monde, me faisant alors comprendre que quelque part, j’avais une place à part, un peu importante à ses yeux pour qu’il le fasse, alors qu’un peu plus de deux heures auparavant il hésitait encore à me balancer aux impériaux.

« Ça me touche beaucoup, que tu me le confies. Quoi qu’il arrive j’emporterai ce secret avec moi, sois en sûr. »

Je sentais son regard sur moi, il me détaillait, il semblait réfléchir, surement aux questions que je lui avais posé et qui n’avaient pas encore de réponse. Il devait chercher ses mots, une manière d’annoncer les choses peut-être… Je craignais de ne pas aimer ce qui allait suivre et lorsqu’il prit la parole je retins mon souffle. Cependant il me gardait contre lui et malgré le fait que lui non plus ne sache pas trop vers quoi nous allions son sourire, son regard me réconfortaient dans le fait que nous ne voulions pas que ça s’arrête ici, qu’une fois passées, les portes du vaisseau se referment et emportent avec elle ces instants puissants que nous venions de vivre. Ses mots rejoignirent alors mon impression, je relâchais alors la pression et retint un soupire. Il enchaina avec l’Ordre Jedi. D’une part rassurée de l’autre un peu inquiète tout de même, on ne peut pas dire que pour le coup nous avions mesuré nos émotions…  A en juger par l’état de la pièce on pourrait clairement dire qu’on était allé dans l’extrême. Ce qui devait sans doute signifier aussi que si nous voulions continuer sur la même route ensemble, nous allions devoir apprendre à nous modérer quelque peu. L’action joint alors sa parole, ses lèvres rencontrèrent les miennes pour un moment des plus passionnés. Glissant mes mains sur ses joues je le ramenais contre moi, je le voulais encore plus près. Se modérer hein ? Je crois qu’effectivement il n’était pas bon élève dans le domaine et j’en étais bien contente. Je savais qu’il me plaisait, vraiment que c’était même certainement un peu plus que ça, mais de là à m’expliquer pourquoi chacun de ses gestes, chacun de ses souffles, chacun de ses regards m’électrise de la sorte… Je ne saurais le dire. Il savait souffler sur les braises qui sommeillent en moi pour allumer un feu plus ardent à chaque fois.  Il se détacha alors un peu de moi avant de se remettre de nouveau à parler.

« Cela voudrait-il dire que j’ai une chance, par pur hasard hein évidemment… de recroiser ta route ? » Luis confiais-je un sourire en coin. Je m’approchais de son oreille avant d’ajouter en murmurant « Ah… et si tu tiens à ce que ce vaisseau ne finisse pas en pièce détachée évite de m’embrasser de la sorte… Je risque d’avoir du mal à modérer mes "sentiments extrêmes"  hein. » Je me replaçais face à lui et lui fis un clin d’œil « Bon et bien je pense que j’ai quasiment explosé mon quota de questions… Je te laisse m’en poser plusieurs si tu le souhaites. Histoire de rééquilibrer la balance. » Je lui souris avec un regard emplis de douceur. « Pose moi n’importe quelles questions, je suis prête, je n’aurai pas de tabou promis. »

Après sa révélation je ne me voyais plus lui refuser quoi que ce soit. Peu importe le sujet, peu importe sa classification, peu importe. A moi de lui prouver que j’ai autant confiance en lui que lui l’a visiblement en moi. Je le gardais contre moi, passant mes bras autours de son cou, caressant sa nuque lentement et en un geste tendre, je l’embrasse avec sensualité dans l’espoir d’apaiser le manque qu’il a ranimé en moi. Pour reprendre haleine, j’appuie ma tête contre la sienne, prête à répondre à toutes les questions qu’il voudra me poser dorénavant, sans détour ni contour.

Depuis le début de la journée j’avais la sensation de me trouver dans un ascenseur émotionnel, atteignant des pics rarement atteints. Mais l’émotion que je préférais est celle que je ressentais lorsque je me trouvais dans ses bras. Comme en cet instant précis. J’avais la sensation que rien ne peut arriver, que le temps s’arrête dès qu’il commence à m’étreindre. C’est un état que je n’avais pas ressentis depuis bien longtemps, qui m’étais fortement agréable et que je n’avais pas envie de voir se dissiper de sitôt. Notre malentendu s’est assez vite dissipé et j’en étais soulagée. Il est vrai que j’avais agi sous le coup de l’impulsivité sans réellement lui laisser le temps de m’expliquer quoi que ce soit. Il allait falloir que j’apprenne à me contrôler à ce niveau-là. Je posais ma main sur sa joue tendrement, moi aussi je lui faisais confiance, mais je ne m’en rendais compte que maintenant, car après tout ne lui avais-je pas confié mon sort sur Tatooine ?

« Non ne t’en fais pas, dis-toi que tu t’allèges quelque peu en le partageant avec moi. On en divise le poids. Je ne le vois pas comme un fardeau, loin de là. »

Un long silence s’installa alors, il devait sans doute réfléchir à ce que je lui avais dit précédemment. J’avais retenu mon souffle, croyant faire une erreur monumentale en lui posant la question. Mais sa réponse vint effacer mes doutes et dessiner un sourire sur nos visages. Nous avions dès lors retrouvé cette complicité qui en était encore à ses balbutiements. Des regards, des gestes, des mots. J’avais l’impression d’être de nouveau une adolescente, encore un peu timide, hésitante parfois mais qui au moindre effleurement ou à la moindre parole au creux de l’oreille sentait son cœur s’emballer dans la seconde.  Sensation agréable qui me ferait presque oublier le lieu et le contexte dans lequel nous nous trouvions alors. Il reprit la parole alors que j’étouffais un rire et une mine faussement boudeuse, esquissant un mouvement en arrière qui me fut restreint, je tapais du point sur son torse.

« T’es gonflé ! Il a quoi mon caractère ? Tu vas oser dire qu’il ne te plait pas peut-être ? »

J’avais senti qu’il me tenait plus fermement sachant pertinemment que c’est sur ce genre de réflexion que je peux réagir.  Ses yeux croisèrent les miens et c’est à ce moment que je me suis dit que s’il y avait bien une seule personne qui pourrait m’apprivoiser, à qui je pourrais me livrer toute entière, ne plus rien cacher au fil du temps ce serait surement lui. Et cette idée me convenait, plus que de raison peut-être, mais là, dans ses bras, je ne voulais plus que ça.

« Je te signale que là c’est toi qui me tiens en effet donc… Je ne dis pas que c’est désagréable, bien loin de là hein… Mais je ne voudrais pas t’emmener sur un chemin que tu ne dois pas emprunter. » Je fermais les yeux sentant ses lèvres entrer au contact des miennes. Un instant que je pourrais prolonger indéfiniment mais ce ne fut pas le cas, il se détacha alors de moi avant de rejoindre la lumière et donc la salle commune devenue un véritable cimetière de mobilier. Je m’installais contre le mur quelques instants l’observant. « Peut-être que du coup c’est pas plus mal non plus qu’on soient missionnés à des endroits différents. Je veux dire par là que ça nous permettra surement de mieux garder le contrôle là-dessus. » Je le regardais se servir de son dos pour se servir à boire, je levais les yeux au ciel en souriant. « Mais en fait l'usage de la Force c’est pour les feignasses c’pas possible ! » Je me pinçais les lèvres afin de retenir mon sourire pour ne pas qu’il s’élargisse d’avantage. Comme quoi, malgré tout je ne peux m’empêcher de la taquiner un peu, chacun son tour, après tout il a bien insinué que j’avais un sale caractère non ?

« Hum des révélations  à faire… Hum… » Je marquais une petite pause avant de reprendre avec un rire léger « Comme visiblement mon penchant pour les Jedi ? Alors soit vous vous passez le mot. Soit vous avez un truc qui fait que ça m’attire irrémédiablement. Au choix. Mais même si je n’ai pas de révélations majeures te faire… Je peux quand même essayer de te joindre pour quoi que ce soit ? Ou faut que je prenne un rendez-vous ? » Je levais les yeux vers le plafond le fixant longuement, doigt sur mes lèvres. « Nan parce que comme je n’ai pas encore mon planning ça risque d’être compliqué pour se caler une date tu vois. » Je repose alors mes yeux sur lui « Faut que je vois avec ta secrétaire dans ce cas ? »

Nous ne nous étions pas encore quittés que j’avais déjà hâte de le revoir, je ne sais combien de temps nous allions être séparés mais j’essayais pour le moment de ne pas y songer. Nous avions tous deux nos responsabilités, nos devoirs envers nos institutions, et quoi qu’il arrive elles devront toujours passer en priorité. Même si cela implique de prolonger notre séparation. J’avais cependant bon espoir de ne pas devoir attendre encore deux mois avant que nos chemins ne se recroisent, et s’il fallait forcer le destin pour cela, je n’hésiterai pas une seule seconde.  Il avait marqué une pause avant de reprendre, plus sérieusement. Je m’approchais alors m’installant à côté de lui sur la banquette.

« Ce n’est pas mon genre, je peux paraitre un brin expansive comme ça mais, je sais quand les choses deviennent sérieuses et agir en conséquence. J’ai bien conscience de l’ultime nécessité de garder ton identité secrète. Je ne dirai rien, à personne, je te le promets. » Je déposais un baiser sur ses lèvres avec douceur alors que ma main caressait tendrement sa joue, avant de me reculer lentement. « Je ne ferai jamais rien qui puisse te porter préjudice à toi, ou aux autres, tu as ma parole. »

Je ne relevais pas le fait qu’il ai précisé avoir un autre nom, quoi qu’en y réfléchissant c’est assez logique. S’il a perdu la mémoire il fallait bien lui trouver une nouvelle identité sur laquelle il pourrait se reconstruire. Ça faisait déjà beaucoup de révélations et chamboulements pour la journée, je préférais laisser le temps au temps, il me le confiera un jour s’il en a envie, quand il se sentira prêt et qu’il aura d’avantage confiance en moi. Tout n’est qu’une histoire de temps et tout était déjà aller si rapidement. Peut-être devrions-nous laisser les choses reprendre un court normal. Ne pas se précipiter et juste nous apprendre mutuellement avec patience et persévérance. Et j’attendrai tout le temps qu’il nous faudra.